Ce qu'il ne fallait pas rater hier - l'événement de la journée - c’était évidemment mon premier jour de boulot. C’est aussi la démission de notre cher ministre de l’Economie, de l'Industrie et du numérique. Macron, ce savant mélange qui serait presque un nom de cocktail : Necker-Trudeau-Conway-Underwood-Giscard-Blair-Weber-Pericles.
Necker c’est la « superstar » des finances royales renvoyée par Louis XVI pour ses spéculations et son absence aux États généraux. Justin Trudeau c'est le génie de la communication politique, cette communication politique qui, avec sa touche de cosmétique, de marketing nous fait voter pour des hommes bien plus que pour des idées, où l'homme est le programme, voire le "produit". L'homme politique se vend, il est en représentation permanente, et ça, Macron l'a bien compris. La parole devient l'acte, la forme, le fond. Cela me rappelle la phrase de Laurent Solly, le directeur de l'image de Sarko2007 : "la réalité n'a aucune importance, il n'y a que la perception qui compte". Peter Conway, dans House or Cards, est l’excellent candidat républicain qui fait face à un président Frank Underwood plus proche de Sarkozy que d'Hollande dans le style, qui dit de Conway qu'il est excellent dans son rôle de candidat favori des sondages, mais qu'il est une fraud, et ferait un extrêmement mauvais président des USA. L'intelligence politique du Macron tient aussi un peu d'Underwood. Giscard, ce n’est ni la droite, ni la gauche, mais au-delà, au-delà des partis, au-delà des hommes, bref Giscardieu. Dans la même veine, Tony Blair, c'est la rengaine de la troisième voie entre droite et gauche, d'une gauche moderne, le modèle d'un Valls qui doit pas être très content là tout de suite. Max Weber parle quant à lui de "l'entrepreneur politique" thème cher à Macron, le politique qui aimait les entrepreneurs. Ainsi, au bal des Guignols, au pays des bouffons, Macron sait tirer son épingle du jeu. A vaincre sans péril... Il ne faut pas se leurrer, Macron est le meilleur lorsqu’il s’agit de relations et de réseau (d'abord l'ENA, après Rothschild, puis l'Elysee, puis Bercy, bientôt l'Elysée?) et surtout domine sans concession la communication politique - non au clivage droite-gauche, oui je suis un réformiste, un progressiste face aux conservateurs, non je ne répondrai pas à la question fatidique de ma candidature tel un équilibriste, mais je ne parlerai que de la France car je suis différent de ceux qui y pensent tous les matins en se rasant, d'ailleurs je suis super bien rasé. Quid des sujets importants, des sujets qui fâchent ? Je suis aussi habile pour éviter de me mouiller, dire que les 35h, c'est mal, c'est peu. Dire que l'honnêteté me force à vous dire que je ne suis pas socialiste - la foudre frappe le blasphémateur, c'est l'abolition de l'esclavage et la chute du Mur de Berlin, c'est ce qu'il faut retenir de 2016. Le plus triste dans tout ça, c'est que Macron, l'acteur en représentation, est le meilleur comédien, et qu'ils ne sont tous que des comédiens, si ce n’est des bouffons. Macron est le pire présidentiable, à l'exception de tous les autres. Macron a beau être l'ambigu Monsieur Macron, il a beau être descendu de son piédestal de non-politicien - en faisant habilement croire qu'avec lui ce serait différent, considérant les autres comme des politiciens et en en devenant un par là-même - peut-être sera-t-il moins pire que les Sarko, Le Pen, Mélenchon, Montebourg, Hollande, voire Juppé ? Surtout il n'a que deux ans de vie publique, et propose une offre politique neuve nous rappelant ainsi que notre démocratie si elle est inerte est toujours en vie. Macron a le don de créer un sentiment de nostalgie chez les déçus de toujours qui un jour ont cru en Sarkozy ou en DSK mais qui ont vu leurs illusions brisées dans le tumulte du pouvoir temporel. Alors enfin peut-être Macron sera-t-il Périclès, l'aristocrate réformateur? Macron vient d'une bonne famille et il est issu de l’aristocratie énarchique. Mais auras-tu le courage de mener des réformes si tu gagnes? Car quitter le Titanic hollandiste et tuer le père, c'était le passage d'un Rubicon politique, mais cela ne demande pas le courage des réformes. Seras-tu Périclès? Auras-tu les tripes, pour ne pas dire autre chose? P.S.: à chaque fois qu'on nous parle de nouveauté, de progrès, de changement, se dire qu'il y a anguille sous roche. P.S.2: pas besoin de détruire Sarkollandepenenchon, ou si, mais y aurait tellement à écrire. P.S.3: après les platitudes débitées à la Mutualité en juillet - ce qui atteste de la "politicianisation" de Macron - j'aimerais savoir ce que lui et ses conseillers pensent des questions sociales et sociétales actuelles, qui ne sont pas que de vaines "polémiques stériles", et ne doivent pas être confondues avec le débat-polémique qui les entoure. Ex: islamisme (question), Burkini (détail polémique) P.S.4: back2business pour les politiques. Comme pour les régionales de 2015. Chassez le naturel, il revient au galop. Élément perturbateur : un attentat. Et là, l'ego des politiques paraît bien vain. Problème : les terroristes respirent toujours, et nous avons deux primaires et une présidentielle. P.S.5: Macron n'est pas socialiste, mais il aurait gagné à être candidat à la primaire pour avoir un bloc, un parti. Mais il ne le pouvait pas. Triangle d'incompatibilité. P.S.5': Il ne le pouvait pas d'emblée car les vrais socialos-gauchos le détestent et qu'il se positionne comme un non-socialiste de centre-gauche. Difficile positionnement. PS6: s'il gagne, c'est à la faveur d'un contexte inédit, d'une élection totalement imprévisible, et aussi grâce au soutien populaire, car il n'a pas de parti derrière lui, or on ne gagne pas sans parti, sauf VGE. P.S.7: j'arrête. P.S.8: sauf VGE. Grâce au peuple, ce qui fait très démocratie athénienne. J'arrête vraiment. PS9: le PS ne mérite pas d'articles. PS10: mes P.S., si. Bref, ne soyons pas dupes de Monsieur Macron - et des politiques en général, pour n'être pas déçus, n'en attendez pas trop d'eux et ne soyez jamais dupes, surtout les hommes providentiels, car dans hommes providentiels, il y a hommes - reconnaissons-lui des qualités, qui aime bien châtie bien, les autres sont bien pires.
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Juin 2017
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