Jean-Paul HUCHON déclare sans sourciller que l’Ile-de-France, dont il préside le conseil régional, n’a rien à envier à la Silicon Valley. Il pense pouvoir appuyer ses propos sur une French Tech dont il a entendu parler, et qui excelle, en Californie beaucoup, en France un peu. Sur ces entrepreneurs, valeureux corsaires du commerce français du XXIe siècle. Alors, qu'en est-il vraiment de la mode de l’entrepreneuriat, une fièvre, une mania, dans le Monde et en France?
Qui veut gagner des millions ? Cela semble être le nouveau slogan de ces chercheurs d’or partis gratter ce qui peut encore l’être sous le soleil de la Silicon Valley, dans la région de San Francisco. Ils croient à ce beau mythe des unicorns – licornes en anglais – ces start-ups de la tech, pas toutes connues du grand public, mais valorisées à plus d’un milliard de dollars, telles que Slack, la nouvelle app de productivité qui permet de rendre les communications au bureau plus faciles, soi-disant. On a suivi avec intérêt la réussite du Français Renaud LAPLANCHE, fondateur de Lending Club (site de prêts entre particuliers), success story comme il en existe tant dans la Bay Area. Mais de telles personnes existent aussi en France, sous la houlette bienveillante et intéressée des pointures du web (NIEL pour ne citer que lui et sa Halle Freyssinet et son Ecole 42) ou du ministre de l’économie Manu – Chouchou des Français, pas des socialos – MACRON qui a déclaré que « les jeunes Français doivent avoir envie de devenir milliardaires ». Or comment devient-on milliardaire aujourd’hui ? Dans le web, ou du moins pas sans le web, le 2.0, le numérique, le digital, l’informatique, le code... En 1990, on montait un groupe, en 2015, on lance une start-up Tout le monde fait le mouton, se sent unYque, c’est la génération Y, et croit en sa bonne étoile – sur laquelle il ira couler des jours heureux et longs quand il aura lancé sa propre compagnie aérospatiale. Beaucoup de start-ups sont en train de se lancer, et encore plus dans les prochaines années. Beaucoup de tocards et quelques stars, c’est la loi de l’univers et du marché. Eh oui ! Pas tout le monde va devenir riche, beau, intelligent et heureux, avec une belle femme, de beaux enfants et une Ferrari (actualiser : Tesla). Un gland qui entreprend reste un gland. Un bosseur ne réussira pas forcément, mais 100% de ceux qui ont réussi ont taffé. On n’a plus besoin des adultes, on va entreprendre. On n’a plus besoin de stage, d’éducation, d’autorité, on va entreprendre. Au lieu de le dire, le faire. Le faire une fois, se planter une fois, le faire une deuxième fois… Jusqu’à la dixième fois. Là l’exit se compte en millions pour les plus travailleurs, et pour les autres… Y a pas d’autres, les autres se sont arrêtés à la première fois et continuent de gérer du taff. Donc c’est vrai que l’entrepreneuriat peut-être une voie royale, pour quelques élus, à la condition nécessaire mais pas suffisante d’énormément charbonner, mais il ne faut pas en faire une fin en soi. Et c’est vrai aussi que ça peut être un remède au chômage des jeunes, qui peuvent apprendre en autodidacte, sur le tas, et se débrouiller. Dire que l'on veut être entrepreneur ça reste vague. Mickaël BOUKOBZA, ex-DG d'Iliad-Free, deus ex machina de la reprise du Monde par le triumvirat NIEL-PIGASSE-BERGÉ, et enfin fondateur de Golan Telecom (le Free d'Israël), n'a jamais dit qu'il voulait être entrepreneur. Il a toujours dit vouloir être banquier d'affaires. Il l'était, quand il est allé voir M. NIEL un beau matin déguisé en coursier pour lui livrer son CV... Donc au lieu de le clamer, foncez! L’entrepreneuriat, la tech, l’entrepreneuriat tech sont une mode, une opportunité, et une nécessité. Le renouveau de l'économie française passera par des petites entreprises, les start-ups, dont le nombre croissant va exploser dans les prochaines années. C'est la clé d'une ré-industrialisation ciblée et d'un capitalisme entrepreneurial combatif. C'est une nécessité aussi, car la compétition entrepreneuriale est mondiale. Cet engouement ne se dément pas: rencontres (meet-up, pitching, groupes de discussion, d'association et d'émulation sur les réseaux sociaux), "paradis fiscal pour les start-ups" comme le dit NIEL (cadre légal du crowdfunding, réductions d'impôts et déductions d'investissement sur les jeunes pousses, aides publiques, concours), géants qui veillent (Niel, Granjon), mentalités de cocotte-minute, huile de coude, peu d'attrait pour des entreprises “corporate slavisantes”, bureaucratiques et hiérarchiques - n’en faisons tout de même pas table rase -, convergence avec les EU, révolution de l'éducation, chômage… En outre, cet esprit révolutionnaire a ceci de bénéfique qu’il remet en cause le French Bashing, à condition de rester humble et lucide, pas comme M. Huchon... Une note rigolote, pour finir. Pourquoi veut-on être entrepreneur? La réponse par une pyramide de MASLOW 2.0:
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Microeconomics 2.0
Le capitalisme en tant qu’ordre économique crée de la compétition : pure et parfaite parfois - c’est alors du libéralisme - déloyale ensuite, acharnée enfin; avec la possibilité de former un oligopole voire un monopole. Capitalisme et compétition finissent par s’opposer frontalement. Tandis que le capitalisme repose sur l’accumulation de K, ce qui suppose le profit, la compétition tend vers la Compétition pure et parfaite et conduit à une disparition du profit (“ni profit ni perte” - WALRAS). Le capitalisme fuit la compétition car elle est le synonyme de sa mort… BRAUDEL, dans La Dynamique du capitalisme, avait déjà mis ça en évidence: pour lui le capitalisme est un “anti-marché”, le “commerce au loin” sert justement à fuir les règles du marché et de la compétition pour retrouver des situations de monopoles. Une idée qu’on retrouvera chez les théoriciens de l’impérialisme tels que LÉNINE ou LUXEMBURG. La compétition Au niveau de la Silicon Valley et de la Tech en général, la compétition est à plusieurs niveaux:
Les Titans de la Tech: des Robins des Bois, ou des Robber Barons? Les nouveaux titans, les Titans de la tech tels qu’Uber se disent en faveur du consommateur, contrairement à leurs prédécesseurs, les Titans de la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle, ceux qu’on appelait les Robber Barons, tels que Rockfeller et son monopole du pétrole, le briseur de grèves Frick, etc. Les geekeux, eux, se voient en Robins des Bois, opérant un transfert de richesse des propriétaires vers les utilisateurs, les consommateurs, les locataires. Au lieu de produire toujours plus, on utilise et on réutilise ce qu’on a, on ne gâche plus, on n’achète plus. Tout est si beau au monde des Licornes! Sauf que… Ceux-là mêmes qui défendent le consommateur détruisent le travailleur. Aux XIX-XXe siècle, les machines ont remplacé les cols bleus, maintenant l’intelligence artificielle va bouffer les cols blancs, comme l’explique BRYNFOLSFON & MCAFFEE dans The Second Machine Age. Mais ils créent des emplois, des revenus, suffit de voir le nombre florissant d’auto-entrepreneurs dans les VTC. Et les Titans de la tech veulent aussi le monopole. Le Rockfeller de demain s’appelle peut-être déjà Sergeï Bryin, et le trust de Google, Alphabet, existe déjà. Ensuite, une fois le monopole assuré, quels garde-fous? Ainsi, un système avec Uber et des contre-poids tels que Heetch, Lyft, Gett Taxi et ces bons vieux tacos râleurs vaut mieux qu’un système avec seulement des taxis, ou seulement des Ubers, d’autant plus quand on connait les ressorts de la politique pour le moins agressive d’Uber envers ses concurrents, tels que Lyft: commander des Lyft pour leur faire perdre une course et se déplacer pour rien. Qui plus est, une frange d’entre-eux, les anarcho-capitalistes, des ultra-libertariens, ne veulent rien devoir à personne, et surtout pas à l’Etat et ses impôts, donc pas de répartition, t’as pigé. Peter Thiel, fondateur de PayPal, investisseur dans Facebook, avait pour ambition de créer des îlots de pur libéralisme dans les eaux internationales. Tout cela jusqu’à ce que la Silicon Valley devienne une élite endogame d”héritiers embourgeoisés, qui seront à leur tour chassés. Les révolutionnaires rêveurs d'hier sont les oligarques nouveaux riches d'aujourd'hui et les aristocrates décadents de demain. Une élite succède à une autre dans le bal de l’histoire. Pour autant, le monde est toujours une histoire racontée par un fou. |
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Janvier 2017
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