Quand on songe au joyau de la couronne Britannique, on pense immédiatement aux (anciennes) Indes Britanniques, cœur de la construction impériale dès la seconde moitié du XIXe siècle, sous l’égide de la Reine Victoria. Mais il faut aussi songer à un tout autre Joyau, pensé et conçu en ce même lieu : la Jaeger LeCoultre Reverso. Retour en 1930 en Inde Britannique. Le bruit sourd des sabots résonne sur le gazon d’un terrain de polo, arrachant du sol des lambeaux de terre, quand soudain un son de verre cassé se fait entendre : la balle ou le maillet auraient-ils, par mégarde, détruit le verre d’une montre ? C’est ainsi que l’on pourrait imaginer la naissance de la Reverso. En effet, en 1930, l’Inde reçoit la visite de César de Trey, homme d’affaire suisse réputé dans le monde horloger de l’époque, et très proche ami de Jacques-David LeCoultre. Lors d’un match de polo imaginé quelques lignes plus haut, un joueur de polo, au fait de la visite de Trey, s’en va à sa rencontre et lui présente, non sans tristesse, le verre brisé de sa montre. Connaissant l’homme comme une pointure dans l’horlogerie, il le met alors au défi de créer une montre qui pourrait résister, par quelque moyen que ce soit, à un match de polo. Ce défi n’échappe pas à César de Trey qui s’empresse, une fois de retour en Suisse, de se rendre chez son bon ami Jacques-David LeCoultre, en lequel il repose sa pleine confiance, afin de lui présenter un projet horloger : la LeCoultre Reverso est née. Et si on précise « LeCoultre », c’est pour signifier que la maison ne porte pas encore le nom de Jaeger-LeCoultre, seulement visible après 1937, date effective de la fusion des deux maisons, afin d’officialiser leur collaboration de longue date. Mais alors, en quoi consiste la Reverso ? Pour répondre au problème des joueurs de polo, la montre, rectangulaire, peut voir coulisser son boitier à 180 degrés afin de protéger le verre et laisser apparaître le dos de la montre en métal, résistant aux chocs de ce sport, si couteux en verres de montres. D’aspect, la Reverso synthétise à merveille le style Art Déco, en jouant avec les formes fondamentales et universelles, la simplicité et la facilité de lecture de l’heure. Du côté mouvement, la Reverso est équipé d’un calibre mécanique LeCoultre 410 à remontage manuel très simple fondé sur la collaboration des maisons Jaeger et LeCoultre. J’aimerais ajouter que ce cadran qui coulisse et se protège est une invention assez poétique : en effet quel plaisir aujourd’hui pour l’homme ou la femme débordé que de s’extraire quelques instants du monde, sans notion de temps. La Reverso, c’est aussi une merveilleuse histoire d’évolution. En effet, les modèles de Reverso se sont succédés et présentent chacun des particularités, tout en conservant l’ADN du modèle de 1931. C’est la tout le charme et le talent de cette pièce exceptionnelle, qui semble éternelle. Dans les années 1930 déjà, les clients Jaeger LeCoultre pouvaient choisir une couleur pour le cadran de leur Reverso, parmi plus de 10 couleurs. De la même manière, ils peuvent graver ou faire peindre le dos de leur Reverso, de toutes les manières possibles, de la plus simple gravure d’initiales au plus beau portrait. On pense par exemple à cette très mystérieuse Reverso avec le dos emmaillé peint d’un portrait d’une Reine Indienne, une Maharani, dont on ne connaît pas l’identité. Une première vraie nouveauté apparait en 1984, année durant laquelle est introduit le nouveau boitier de la Reverso, plus complexe certes mais qui apporte plus de confort à l’utilisateur, une étanchéité sûre, et affine le basculement de la montre. Mais la révolution commence réellement en 1991, pour le soixantième anniversaire de cette pièce : la Reverso commence à accueillir des complications. Il est nécessaire de s’arrêter un moment sur ce nouveau virage pris par la Reverso. Cette montre anniversaire présente un plus grand boitier dans un or rose qui l’habile à merveille, mais elle présente aussi de nouvelles complications pour une Reverso. En premier l’indication de la réserve de marche et la date affichée à l’aide d’une aiguille, ensemble sur le même cadran. Chronologiquement, dès 1993, cette Reverso se voit embellie d’un tourbillon, mécanisme d’une précision redoutable, en 1994 d’une répétition minute, en 1996 un chronographe rétrograde, en 1998 d’un second fuseau horaire sur le dos de la montre, et en 2000 un quantième perpétuel pour accueillir le nouveau millénaire. Certes, la Reverso se complique pour le plaisir de nos yeux et pour repousser toujours les limites de l’art horloger, mais le joueur de polo, lui, pleure à chaudes larmes. Pourquoi ? Sa Reverso possède à présent deux cadrans indiquant des choses différentes mais deux cadrans tout de même. Fragiles cadrans. Mais le temps du polo semble déjà loin, et loin de l’or rose, la Reverso se pavane même de platine et arbore un mouvement squelette des plus réussis, tout cela en 2001 avec la Reverso platinium number one, ensuite plus de squelette mais un tourbillon dans un boitier platine, et enfin en 2004, cumul des complications : un tourbillon dans un mouvement squelette ! Mais déjà le 70ème anniversaire est passé et la taille du boitier s’est agrandie et un double barillet permet une réserve de marche de 8 jours, impérative pour laisser s’exprimer les complications le plus longtemps possible. Nous parlions d’évolution il y a quelques instants. La dernière pierre de l’Everest est franchie en 2006 avec une Reverso à triptyque : le temps civil d’un côté, le temps sidéral de l’autre et sur le fond le temps perpétuel, la poésie des étoiles ne s’arrêtent décidemment jamais. Et le joueur de polo ne s’arrête pas de pleurer. Et si l’Everest avait pu compter en son sommet quelques mètres supplémentaires, ils auraient été franchis en 2008 avec la Reverso gyrotourbillon, tourbillon qui n’évolue pas dans une cage mais deux, donnant lui offrant ainsi une double rotation, tridimensionnelle en quelque sorte. Enfin, et en conclusion, pour les 80 ans de la marque, le sourire est rendu au joueur de polo avec la Reverso Tribute to 1931, qui présente un style très simple et très épuré, rappelant non sans nostalgie tout le chemin parcouru par cette montre, toujours aussi appréciée des collectionneurs, et aussi convoitée par ceux qui ne la possèdent pas…encore. Nicolas Amsellem
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Juin 2017
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