L’Europe fait aujourd’hui face à une crise sans précèdent, crise qui s’explique en partie par le manque de leadership de nos dirigeants. Leurs erreurs couplées avec une situation socio-économique dramatique ont largement handicapé le vieux continent sur la scène mondiale. Alors que nos politiques, chefs d’entreprises et autres sont à la recherche d’un nouveau modèle qui pourrait permettre à l’Europe de se relever, nous avons la fâcheuse tendance de vouloir à tout prix trouver celui-ci à l’étranger. On utilise alors souvent l’exemple de la Silicon Valey qui serait la panacée à tous nos problèmes et notamment à notre système éducatif sclérosé qui ne permet plus l’ascension sociale. Il est évident que la révolution technologique de ces dernières années a complètement changé le visage de notre économie, crée des emplois et donné un nouveau souffle à la recherche. Cependant c’est encore un modèle balbutiant dont on ne peut connaître précisément les conséquences sur le très long terme. Pourtant, l’environnement complexe dans lequel nous vivons demande une vision sur un horizon très long, vouloir copier ce qui marche dans l’immédiat à l’étranger est une illusion. Et pourtant, lors de récents voyages, j’ai eu la chance de rencontrer un certain nombre de chercheurs, de managers et de leaders qui, les uns après les autres m’affirmaient que c’est dans la période de la renaissance qu’ils puisent leur inspiration. Cette période qui s’étend du 14ème au 17ème siècle est connue pour avoir fait le pont entre le moyen-âge et l’époque moderne. Bien qu’ayant commencé comme un mouvement culturel aux alentours de Florence, le mouvement de la renaissance s’est ensuite largement propagé au reste de l’Europe. C’est ainsi que dans un essai récent qui comparait le modèle de la renaissance florentine à celui de la Silicon Valley, Eric Weiner concluait que « le mouvement de la renaissance nous offre un des leçons d’innovation qui font autant sens aujourd’hui qu’il y a 500 ans ». Un ensemble d’éléments qui tendent à prouver que les leçons de la renaissance peuvent encore être appliquées aujourd’hui. Car en plus des innovations économiques, la renaissance florentine s’est accompagnée de retombées positives pour toute la population. En révolutionnant des industries entières, en en créant de nouvelles, elle a largement amélioré le quotidien des travailleurs encore peu nombreux à l’époque. La beauté esthétique révélée par Raphaël, les innovations fantastiques de Léonard de Vinci, les stratégies politiques imaginées par Machiavel, les réformes législatives et celles liées à l’éducation ne sont que les exemples les plus connus d’une révolution beaucoup plus large qui changea à jamais le visage de l’Europe. Malgré les différences évidentes entre cette période et la notre, je suis persuadé qu’une réflexion collective sur ce moment clé de l’histoire pourrait avoir des retombées positives pour le continent. Mais comment appliquer les facteurs qui ont fait le succès de la renaissance à notre époque ? Comme je le dis souvent à mes amis et collègues, la renaissance n’est rien d’autre que l’application du beau, du bon et de la « santé » à tous les aspects de notre existence : de l’art en passant par la culture, la science, la politique, la technologie et l’économie. Il faut ici entendre le bon comme la manière dont nous agissons avec les autres mais également la manière dont nous fabriquons les biens. Le beau est lui défini comme ceci dans l’encyclopédie de Treccani « quelque chose que nous aimons non seulement pour ses qualités esthétiques liées à la proportion et à l’harmonie mais aussi pour ses qualités morales ». La santé est une qualité morale : l’intégrité, l’honnêteté, le respect et toutes les autres vertus qui contribuent au bien-être général et au vivre ensemble. Telle est ma vision de la renaissance Florentine. Une époque où hommes et femmes étaient capables de réunir la beauté, le bon et la santé dans tout ce qu’ils dessinaient, créaient et construisaient. Si l’Italie d’aujourd’hui ne semble pas prête pour une nouvelle renaissance ou pour une greffe de type « Silicon Valley », elle devrait se remémorer les valeurs qui forgèrent sa grandeur à l’époque.
Lorsque je sillonne mon pays, ce n’est pas un manque de talent, d’énergie ou de passion que je vois autour de moi, bien au contraire. Le beau, le bon et la santé sont écrits dans notre ADN, ces valeurs font partie de nos racines. C’est aujourd’hui notre responsabilité que de les appliquer pour revitaliser le pays et pousser le reste de l’Europe à faire de même. Lapo Elkann Traduction de What lessons on leadership can we learn from the Renaissance?: world economic forum
1 Commentaire
Rina
11/27/2020 07:55:51 am
Bonjour,
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Janvier 2017
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