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MARX dans la Valley, les Robber Barons et les Robins des Bois

10/25/2015

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Microeconomics 2.0
Le capitalisme en tant qu’ordre économique crée de la compétition : pure et parfaite parfois - c’est alors du libéralisme - déloyale ensuite, acharnée enfin; avec la possibilité de former un oligopole voire un monopole. Capitalisme et compétition finissent par s’opposer frontalement. Tandis que le capitalisme repose sur l’accumulation de K, ce qui suppose le profit, la compétition tend vers la Compétition pure et parfaite et conduit à une disparition du profit (“ni profit ni perte” - WALRAS).
Le capitalisme fuit la compétition car elle est le synonyme de sa mort… BRAUDEL, dans La Dynamique du capitalisme, avait déjà mis ça en évidence: pour lui le capitalisme est un “anti-marché”, le “commerce au loin” sert justement à fuir les règles du marché et de la compétition pour retrouver des situations de monopoles. Une idée qu’on retrouvera chez les théoriciens de l’impérialisme tels que LÉNINE ou LUXEMBURG. 

​La compétition

Au niveau de la Silicon Valley et de la Tech en général, la compétition est à plusieurs niveaux:
  • Compétition accrue entre les idées, rendue d’autant plus facile que le coût pour lancer une start-up s’est abaissé. Avec Internet, des gens d’endroits différents peuvent expérimenter les mêmes problèmes et y trouver les mêmes solutions. Après, c’est à celui qui atteindra en premier la masse critique, le product-market fit.
​
  • Compétition pour les biens qui plairont au grand public ou aux entreprises, ça reste du B2C ou B2B. Il est à noter que le premier entrant en tech n’a souvent pas de First Mover Advantage: on connaît tous Google, Apple, Facebook et Amazon, mais qui utilise encore AOL, IBM, MySpace et eBay. Ceux qui régnaient il y a encore 40 ou même 10 ans, a l’instar de Microsoft (qui reste confortable), doivent servir de memento mori aux firmes les plus successful actuellement, et aux naïfs et optimistes qui croient en l’ordre établi des choses. SCHUMPETER, grand penseur des révolutions industrielles et de l’innovation ne disait pas autre chose quand il écrivait qu’”un monopole n’est pas un mol oreiller” ou une couronne de lauriers sur lesquels on se repose.

  • Compétition pour le travail, et il y a ici deux aspects à souligner: primo ce qu’on nous présente comme une opportunité - l’apprentissage du code - est une nécessité. Les enfants qui apprennent le code aujourd’hui se répartiront demain comme aujourd’hui entre architectes et ouvriers de l’architecture web. Les salaires ne seront pas mirobolants, le code sera un must sous peine de passer pour un has been. On n’a pas le choix, mais tous les kids ne finiront pas ZUCKERBERG. Deuzio, et c’est relié au primo, on y assiste déjà, le travail se délocalise vers des pays low-cost, ce qui va, combiné à une offre de travail qui va grossir, tirer les salaires à la baisse selon une bonne vieille loi d’airain. Ainsi quelqu’un peut faire monter son site en Roumanie ou en Inde, ce sont des bons hubs technologiques et pour pas cher. Et du pain bénit pour les anti-mondialistes xénophobes: "grâce à Internet, les étrangers n'ont même plus de besoin de venir en France pour nous piquer nos jobs!"

  • Compétition pour les talents: après avoir volé à Wall Street ses meilleurs talents selon le bien connu mécanisme du brain drain (Ruth PORAT, CFO de Google, était Vice-Présidente de Morgan Stanley), la Silicon Valley se livre à une guerre fratricide. Elon Musk, le PDG de Tesla, n’a-t-il pas déclaré qu’Apple était la poubelle de Tesla?

  • Compétition pour les entreprises à racheter: les GAFA, et les seconds couteaux (qui pèsent quand même des milliards ou des centaines de millions) se battent pour le monopole de l’innovation. C’est à qui rachètera la future cinquième lettre de cet acronyme sacré, GAFA, sacré acronyme faute de pouvoir prononcer le nom de ce D.ieu des temps ultra-modernes.  Il faut racheter pour croître, et croître pour survivre, surtout quand le consommateur se lasse et a besoin de nouveauté, cette nouveauté sur laquelle ces géants de la tech ont surfé. C’est ainsi qu’Android et Nest ont été achetés par Google, Whatsapp et Instagram par Facebook, par exemple. Cette compétition nourrit clairement la spéculation.

  • Compétition pour les territoires: selon l’antique loi du copycat que la Clone Factory allemande Rocket Internet applique à merveille (comprendre: créer un Amazon en Afrique, où ça n’existe pas), on peut étendre le capitalisme partout, et il le faut, sous peine de voir le marché local se saturer. Cette obligation doublée d’une opportunité oblige à se projet et à se voir grand et loin, ce qui est permis par le World Wide Web, qui permet d’avoir accès à la même info, aux mêmes produits. Ainsi, désormais, on ne fait pas que délocaliser dans des pays émergents pour produire, on y vend aussi.

  • Compétition entre territoires, entre les hubs technologiques, et même au sein des pays: la Valley contre la Street, SF vs NY. On ne le sait pas encore, mais les Chinois - Alibaba, Weibo, Baidu, Tencent - sont aussi très puissants dans la tech-économie, surtout que Google est bloqué en Chine... Les Indiens de HITEC city (surnom de Hyderabad) et les Russes (connus pour leurs hackers) sont pas mal non plus.

  • Compétition entre nouvelle économie et ancienne économie. “L’histoire est le cimetière des aristocraties” disait Pareto. Rien n’est moins vrai à propos des geeks nouveaux riches, qui veulent faire la peau aux “rentiers” de la finance notamment. Wall Street contre la Silicon Valley, encore une fois. Ils pensent changer le monde grâce à leurs skills informatiques, ils ne changent pas la nature humaine des sentiments, sauf à changer la nature humaine (voir le paragraphe sur le transhumanisme). Si transfert de surplus et fin de monopole il y a, c’est d’une ancienne aristocratie à une nouvelle, et un peu moins, en apparence, au détriment des consommateurs. La tech engendre une nouvelle répartition de la richesse, une classe de rentiers en remplace une autre, mais à un rythme beaucoup plus rapide. Il y a, pour paraphraser SCHUMPETER, “destruction créatrice” d’une nouvelle classe dominante. Comme l’aurait dit Steve JOBS, "this is a revolution", ou ce conseiller de Louis XVI qui s’exclamait: “Sire, c’est une révolution”, eh bien c’en est une! Donc autant faire partie de ceux qui détiennent les clés du pouvoir de demain. Les fonds de Venture Capital remplacent peu à peu les partners des fonds de Private Equity et les dirigeants de hedge funds dans l’imaginaire collectif et les projets de carrière des diplômés. On a eu Occupy Wall Street mais pas encore Occupy Silicon Valley. Le “I create nothing, I own” de Gordon Gekko se prononce maintenant avec l’accent californien.  Grossièrement dit, les VC aident à créer, contrairement aux fonds de PE, qui restructurent, c’est-à-dire virent. La Silicon Valley aide l’Amérique alors que Wall Street lui suce le sang, dans l’esprit de pas mal de gens. Les robots remplacent les traders, qui en plus sont soumis à de grosses régulations.

  • Compétition au sein de la nouvelle économie: quand tout le monde n’a plus les gains de productivité et les revenus des débuts sur le marché de niche, on commence à faire la même chose que les autres. Regardez la suite Office de Microsoft, augmentée du cloud chez Google Drive, et de ce je ne sais quoi de “revolutionary” chez Apple Keynote, Pages, Numbers… Trop d’applications similaires engendrent une perte d’efficacité économique, de la redondance chez le consommateur. Certes c’est de la compétition, de la concurrence, ce qui abaisse les prix, mais de toute façon le coût marginal et le prix de ces apps tend vers 0, et qui plus est les consommateurs se perdent entre toutes ces apps, tous ces sites, ou sont alors très fidèles, cf. Apple. Il va y avoir du cannibalisme, c’est sûr, et de la M&A à gogo, mais entre géants.  Selon The Economist, on va assister à une résurgence du Hardware face au Software, et Apple et Google auraient là plus d’atout que Facebook. Les Chinois tels qu'Alibaba ont également très faim, et mangent de tout...

  • Compétition humaine après tout. Andrew GROVE, ex-patron d'Intel, le dit bien dans Seuls les paranoïaques survivent: il ne faut dormir que d'un oeil et garder l'autre oeil grand ouvert sur les compétiteurs, les consommateurs, les avancées techniques. C'est au prix de cette peur que le succès pourrait advenir. Mais faut-il être obsédé par les compétiteurs ou par son produit, et, in fine, par soi-même? De Rocky à THIEL - "competition is for losers"- les grands esprits se rencontrent. 

  • Il y a deux types de guerre, pour reprendre un peu ce que l'on a dit dans ces paragraphes sur la compétition. La première, marxiste, où l'on se bat pour la même chose mais parce que tout nous oppose: prolétaire vs. bourgeoisie/capitaliste. L'argent, la domination. L'autre, shakespearienne: on se bat pour la même chose parce que tout nous rassemble/on est identique: les deux familles dans Romeo & Juliet “two households, both alike in dignity” et dans la tech Windows vs. Chrome OS, Bing vs. Google Search, Internet Explorer vs. Chrome, Office vs. Docs, Surface vs. Nexus…  


Les Titans de la Tech: des Robins des Bois, ou des Robber Barons?

Les nouveaux titans, les Titans de la tech tels qu’Uber se disent en faveur du consommateur, contrairement à leurs prédécesseurs, les Titans de la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle, ceux qu’on appelait les Robber Barons, tels que Rockfeller et son monopole du pétrole, le briseur de grèves Frick, etc. Les geekeux, eux, se voient en Robins des Bois, opérant un transfert de richesse des propriétaires vers les utilisateurs, les consommateurs, les locataires. Au lieu de produire toujours plus, on utilise et on réutilise ce qu’on a, on ne gâche plus, on n’achète plus. Tout est si beau au monde des Licornes! Sauf que… Ceux-là mêmes qui défendent le consommateur détruisent le travailleur. Aux XIX-XXe siècle, les machines ont remplacé les cols bleus, maintenant l’intelligence artificielle va bouffer les cols blancs, comme l’explique BRYNFOLSFON & MCAFFEE dans The Second Machine Age. Mais ils créent des emplois, des revenus, suffit de voir le nombre florissant d’auto-entrepreneurs dans les VTC. Et les Titans de la tech veulent aussi le monopole. Le Rockfeller de demain s’appelle peut-être déjà Sergeï Bryin, et le trust de Google, Alphabet, existe déjà.

Ensuite, une fois le monopole assuré, quels garde-fous? Ainsi, un système avec Uber et des contre-poids tels que Heetch, Lyft, Gett Taxi et ces bons vieux tacos râleurs vaut mieux qu’un système avec seulement des taxis, ou seulement des Ubers, d’autant plus quand on connait les ressorts de la politique pour le moins agressive d’Uber envers ses concurrents, tels que Lyft: commander des Lyft pour leur faire perdre une course et se déplacer pour rien.

Qui plus est, une frange d’entre-eux, les anarcho-capitalistes, des ultra-libertariens, ne veulent rien devoir à personne, et surtout pas à l’Etat et ses impôts, donc pas de répartition, t’as pigé. Peter Thiel, fondateur de PayPal, investisseur dans Facebook, avait pour ambition de créer des îlots de pur libéralisme dans les eaux internationales.

Tout cela jusqu’à ce que la Silicon Valley devienne une élite endogame d”héritiers embourgeoisés,  qui seront à leur tour chassés. Les révolutionnaires rêveurs d'hier sont les oligarques nouveaux riches d'aujourd'hui et les aristocrates décadents de demain. Une élite succède à une autre dans le bal de l’histoire. Pour autant, le monde est toujours une histoire racontée par un fou.
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