« Le temps politique est un temps différent de celui que nous vivons dans le quotidien » écrit Vaclav Havel dans Méditations d’été, et même si cette phrase nous inspire et peut nous faire y adhérer, les gardes temps des Politiques ne sont pas si différents de ceux que nous voyons au quotidien, sauf exception. Après réflexion, les hommes politiques aussi ont le droit de s’intéresser à ce magnifique monde qu’est l’horlogerie, à des degrés différents certes car le temps qu’ils peuvent y allouer leur échappe, mais ils ne manquent pas d’afficher de temps à autres de jolies pièces. Mais par où commencer ? Il serait fort agréable, en introduction, d’opérer un bond de près de 500 ans en arrière, et de parler des attraits pour l’horlogerie des Rois de France. Déjà aux prémices de la miniaturisation de l’horlogerie, le Roi François Ier, en 1518, débourse une petite fortune pour réaliser deux montres se trouvant sur ses dagues. Trois cent ans plus tard, le Roi Louis XVI, nous dit-on passionné de toutes les curiosités possibles, mécaniques en particulier -donc de l’horlogerie- possède plusieurs pendules astronomiques et autres pendules révolutionnaires. Mais il faut ici s’arrêter un moment sur sa femme, Marie-Antoinette. Cette dernière était amoureuse de la jeune marque Breguet (créée en 1775), et avant sa mort en 1793, avait commandé par le biais d’un de ses officiers de garde une pièce spéciale qui devait contenir ce qui se faisait de mieux et de plus ingénieux à l’époque. La montre fut achevée plusieurs années après, et Abraham-Louis Breguet, par respect pour feu sa Reine, la conserva en lieu sûr. Dérobée en 1983 au musée de Jérusalem, ce n’est qu‘en 2007 que Breguet a sorti une pièce unique semblable à la pièce évaporée. Pendant ces monarchies, il existait un horloger attitré du Roi. Mais aujourd’hui, certains chefs d’Etat ont pris le relai sur ces horlogers du Roi et connaissent à merveille ce monde, ou au moins s’y intéressent un minimum. Commençons par notre chère patrie. En 1958, Fred Lip offre au Général De Gaulle une montre éponyme en or, il dira : « Fred Lip, grâce à qui je mesure les heures qui me sont comptées », et depuis ce temps, Lip rend toujours hommage au Général De Gaulle avec ce modèle emblématique. Jusque Nicolas Sarkozy étonnement, nos présidents Français ne se sont pas tant intéressés à l’horlogerie. « Si à cinquante ans on a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie » disait Jacques Séguéla lors du scandale de la Rolex du président, et oui notre ex-président aime l’horlogerie, et les modèles emblématiques des maisons horlogères en particulier. Chez Rolex, les mythiques Daytona et Oyster ; chez Breitling la légendaire Navitimer ; chez Patek Philippe, une montre grande complication ; chez Breguet la montre musicale Réveil du Tsar, et pour finir cette belle liste, une Girard-Perregaux à équation du temps (affiche la différence, positive ou négative, entre le temps solaire « vrai » naturel, et le temps solaire de nos sociétés). Bel échantillon, Nicolas. François Hollande et sa Swatch n’inspirent guère. Mais son voisin de l’Est, Vladimir Poutine, le surpasse largement. En effet, le chef d’Etat Russe possède une vaste collection et semble réellement amateur de belles réalisations horlogères. Passons les Rolex, Blancpain, Patek Philippe, la dernière acquisition de Vladimir Poutine n’est ni plus ni moins que la montre Tourbograph de Lange & Söhne à près de 450.000 euros. Mais quand il est question pour le chef d’Etat Russe de se rendre à des réunions où il doit se montrer solidaire de son peuple, il opte pour sa Blancpain Aqualung, vraisemblablement la plus « petite » pièce de sa collection. Ainsi, pas de place dans une éventuelle nouvelle « Guerre Froide horlogère » pour Barack Obama. En effet le président Américain s’est vu offrir par la manufacture Vulcain, comme tous les présidents Américains, une montre réveil (le réveil des présidents) Cricket, nominative. Cependant, il préfère porter la montre qui lui a été offerte par ses gardes du corps pour ses quarante ans, une montre chronographe Jorg Gray noire. Mais dans l’histoire des présidents Américains, d’autres grandes manufactures se sont taillées autrefois une part de choix. En 1953 déjà, une Cricket de Vulcain avait été offerte, et portée par Harry Truman, ce qui lui vaudra son nom de “president’s watch“. Son successeur, Dwight David Eisenhower a porté un moment la Vulcain, mais s’est vite tournée vers une Rolex Datejust en or 18k, qu’il portera partout, en particulier sur cette célèbre couverture du magazine Life. Peu de temps avant sa mort, il offre la montre à un homme qu’il portait haut dans son estime, son majordome John Moaney. Celui-ci la revendra quelques années plus tard à un grand collectionneur, qui plusieurs années après vendra toute sa collection dont la fameuse Rolex, pour qu’enfin celle-ci atterrisse en vente aux enchères en 2014, avant d’en être retirée suite aux plaintes de son prix de départ qui se voulait trop élevé pour une montre dont certaines pièces n’étaient pas d’origine. John Kennedy, son successeur, adorait porter sa president’s watch, jusqu’au jour où la belle Marilyn lui fit cadeau d’une Rolex Day-Date gravée : “Jack, with love as always from Marilyn“. La Rolex “president“ existe alors bel et bien, et fait donc référence au modèle Day-Date si souvent apprécié par les présidents Américains. La publicité de 1966 avec le fameux téléphone rouge fait référence à la montre du président Lyndon Johnson. Ainsi naitra le très fameux modèle de bracelet « Président ». Echappons-nous un instant de nos contrées occidentales pour nous intéresser à d’autres zones géographiques du globe où des chefs d’Etat, dans le présent ou le passé, ont eu un goût appuyé pour l’horlogerie. Mao Zedong a possédé deux Rolex Datejust en or massif, mais leur particularité, en accord total avec l’esprit du régime : avoir une date avec des caractères chinois, chose plutôt rare à l’époque. Il sera plutôt rare dans le futur de trouver Xi Jinping, instigateur de nouvelles politiques anti-corruption, avec d’aussi précieuses montres arborées au poignet. Dix ans après la proclamation par Mao de la république populaire de Chine, à Cuba, le 1er janvier 1959 pour être précis, Fidel Castro renverse Batista. Avec au poignet sa Rolex Submariner. Quel paradoxe que d’observer Fidel dans le rôle d’amoureux de Rolex : une réaction aux Rolex des présidents Américains, peut-être ? Il possède plusieurs Rolex Gmt-Master, une Rolex Submariner et une Rolex Day-Date qu’il porte souvent ensemble sur le même poignet, et une Rolex Datejust : quelle forme pure de communisme ! Son camarade Ernesto Guevara qui rejoindra son projet révolutionnaire ne déteste pas non plus la marque à la couronne : il ne quitte jamais sa Rolex Gmt-Master « Espresso », de la couleur de sa lunette d’un noir profond. Pour finir sur une anecdote amusante, qu’est ce qui pourrait rapprocher Jean-Paul II et le Dalaï Lama, au delà du simple fait que tous deux étaient des hommes ayant œuvré pour la paix dans le monde, et deux « chefs d’Etat » pour ainsi dire ? Leur Rolex Datejust or et acier peut-être… Nicolas Amsellem
1 Commentaire
BIROUL Dominique
3/21/2023 08:30:07 am
Bonjour
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Juin 2017
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