“L’Enfer c’est les autres”, disait Sartre. Une fois de plus, cette phrase est reprise et récupérée, mais ici son sens dévoyé par l’intellectuel populaire est celui qui, justement, fait sens. Essena O’Neill, jeune star de la Toile a brisé le silence, les tabous et son carcan médiatique en supprimant tous ses comptes et profils de réseaux sociaux dans une démarche que l’on espère sincère. Nombreux sont ceux qui lui emboîteront le pas, car les réseaux sociaux sont une mode, n’ont qu’une vie, et passeront de mode. Une fois le mouvement de désaffiliation enclenché, la chute sera inéluctable, car ceux qui ont adoré le Veau d’Or les premiers, ceux-là tueront ce bouc-émissaire girardien en premiers également. Sauf innovation, bien entendu. Anti-facebook, mais aussi anti-Twitter, anti-Instagram, anti-LinkedIn (même ça!)... Lassitude. Addiction. Aliénation. Lassitude, addiction et aliénation sont les maitre-mots qui me viennent à l’esprit, quand je pense aux réseaux sociaux et aux TIC (technologies de l’information et de la communication). Lassitude, car quand on use d’un jouet, on s’en lasse vite. MSN, BBM, MySpace... Mais là, ça n’est plus un jouet, c’est nos vies. Car la vie virtuelle prend le pas à la limite sur la vie réelle, et comme me l’a bien dit un pote, l’algorithme de Facebook te montre que tout le monde a la meilleure life. Problème: qui a vraiment la meilleure life? L’expression “pute à like” est significative ici. “Likez-vous les uns les autres” mes frères, dans une société d’images bien hypocrite. Montrer et s’épier, c’est ce que promet Facebook, qui peut devenir une obsession, une addiction, qui sous peu risque fort d’être reconnu comme tel par l’OMS. Une addiction qui pourrait se transformer en épidémie, à en croire les derniers projets soutenus par Facebook: démocratiser l’accès à Internet dans les émergents, grâce au projet Internet.org. Et ce faisant glaner des millions de nouveaux utilisateurs. Aliénation: une fois qu’on a dit cela, pourquoi ne pas quitter toutes ces plateformes, jeter à la poubelle ses identifiants? C’est marrant, n’est-ce pas, de tuer le community management, les réseaux sociaux, quand on les utilise et qu’on écrit dessus, nan? J’ai qu’à abandonner mes comptes et profils, et fermer ma gueule, hein? Ils nous tiennent par les couilles, par un effet Bootstrap. On en a besoin car sinon on est exclu du game. Pour illustrer cela, je vais te rappeler une situation que t’as déjà vécu: tu as un gros devoir à rendre, et comptes t’y mettre à fond, sans interférence. Sauf que. Tu dois te connecter. Pour accéder. Aux fichiers que tes potes / collèges / camarades. Ont uploadé. Et du coup tu surfes. Tu dévies de l’objectif. Pareil pour garder contact. Tu veux garder contact avec quelqu’un, rester dans un certain milieu, ne pas t’éloigner du centre du cercle. Eh bien! Reste sur Facebook. Comment c’était la vie, sans Facebook? Sans ordi? Sans portable? Inimaginable ! Et peut-être enviable, tout compte fait. Les réseaux sociaux sont-ils éternels? Parfaits? Ou bien est-ce à l’homme de se contrôler? Certains étudiants coupent tout simplement leur profil pour mieux travailler. Ce qui montre que c’est du tout ou rien. Sacrée société des images, monde des images qui rassurent et qui contraignent tout à la fois ! Surtout quand ces images sont hyper-accessibles, ou plutôt, hyper-envahissantes. Déficit de l’attention réelle et hyperconnectivité virtuelle Nicholas Carr, qui écrit sur le rapport de l’homme à la technologie, ne dit pas moins que cela lorsqu’il écrit que le fait de surfer sur le Web imprime, laisse une impression sur notre façon de penser, de lire, d’écrire, d’agir et de vivre. Le medium modifie tant celui qui s’exprime que son interlocuteur / auditeur / spectateur / lecteur. Il y a peut-être là habitus cognitif qui est à l’oeuvre. Nietzsche, qu’il prend en exemple, se rend compte que taper sur une machine à écrire, forcé qu’il est par sa vue défaillante, change son raisonnement. Exemple: avant, il y a très longtemps, lorsqu’on n’avait pas accès haut débit au www., on ne pouvait surfer, griller les étapes. Maintenant, toi qui a lu cet article jusqu’ici - MERCI - tu te rends compte que tu aurais pu bouncer sur une autre page, que dis-je ! Trois autres pages, trois autres articles (dans le meilleur des cas, sans prendre en compte la qualité des articles). Une analyse similaire s’appliquerait à l’usage frénétique des mails, des textos… Autant de façon virtuelles de travailler, de keep in touch qui ne sont plus si virtuelles que ça étant donné leur poids dans nos vies. Les mails le we, ça dépend des boîtes, mais en général c’est limité. Et de toute façon, un gars qui bosse le week-end ou à toute heure travaillera énormément, mail ou pas mail. Peut-être un moins sans les mails. A propos des mails, Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, a dit qu’il ne répondait jamais aux mails le jour même, mais le lendemain. Il faut, dit-il en substance, le temps de la pensée, de la réflexion, de la médiation. Cela ne veut pas dire qu’il ne répond pas toujours aux messages instantanées, mais il tente de ne pas se laisser abuser par l’urgence et l’immédiateté de ce que nous avons sous la main, et qui finit par contrôler notre main. A bientôt sur Facebook / Twitter / Instagram / Snapchat émoticone smile
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Juin 2017
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