Une grande partie de l’establishment a voté Leave. Et le Remain n’était pas l’apanage de la bourgeoisie. La vraie ligne de fracture n’est pas une affaire de classe sociale. Elle sépare ceux qui acceptent une société ouverte et complexe et ceux qui cultivent la nostalgie de l’après-guerre.
Pour avoir exprimé ma tristesse après le Brexit, qui a ravivé le nationalisme dans un pays que j'aime et où vit ma famille, de nombreux compatriotes ont généreusement entrepris de me consoler en m'expliquant que j'appartenais à « l'élite ». J'accepte avec plaisir et reconnaissance mon entrée dans ce nouveau club, dont j'ai hâte de découvrir les privilèges. Vais-je percevoir des fonds secrets ? Connaître les coulisses des négociations du TTIP ? être upgradé en business class sur les longs courriers ? Je crains néanmoins que mes nouveaux amis ne fassent une erreur d'analyse. Dans le cas du Brexit, une telle opposition entre « peuple » et « élites » est démentie par les faits. Une grande partie de l'establishment britannique soutenait Vote Leave au nom de la souveraineté nationale - à commencer par Boris Johnson, pur produit de l'éducation privée, ou un patron de fonds d'investissement tel que Crispin Odey (qui vint d'empocher 220 millions de pounds en pariant sur l'écroulement de la bourse et du pound), ou cette « Brexiteuse » en robe de soirée m'expliquant que les Roumains menacent les emplois britanniques, dans un pays où le chômage est descendu à un historique 5%. A l'inverse, le camp des Europhiles, si tant est que l'on puisse établir des généralités sur 16 millions de personnes, ressemble à tout sauf à la bourgeoisie traditionnelle. Selon les statistiques disponibles, ont voté Remain : 70% des Musulmans, 73% des Noirs, 60% des Londoniens et 75% des moins de 25 ans (même si la plupart ne se sont pas rendus aux urnes, se contentant d'exprimer leur rage sur les réseaux sociaux : comportement typique des Millenials...). Le point commun de ces différents groupes n'est pas le niveau de revenus, ni même le statut social, mais plutôt une forte exposition au multiculturalisme. Quelle soit la qualité des arguments de fond de part et d'autre, la question clé de l'immigration s'est retrouvée au centre de la campagne du Brexit et a libéré de manière extravagante la parole raciste, transformant inversement le vote Remain en une profession de foi d'ouverture au monde et aux autres. Il est d'ailleurs notable que les cinq circonscriptions les plus europhiles sont également celles où la proportion de « non-blancs » est la plus importante. Au-delà du cas britannique, dénoncer une « élite » cosmopolite coupée d'un « peuple » ancré dans sa terre et son héritage est une manière particulièrement condescendante d'imposer audit peuple l'idéologie nativiste cultivée par des tycoons désoeuvrés. Il n'y a pas besoin d'être diplômé, aisé et urbain pour se montrer tolérant. Il n'y a pas non plus besoin, contrairement au mantra sur les laissés-pour-compte de la mondialisation, d'être un cadre supérieur pour en bénéficier : la France périphérique ne mange-t-elle pas des fruits frais tout au long de l'année ? n'achète-t-elle à ses enfants des jouets made in China ? n'utilise-t-elle pas internet ? ne travaille-t-elle pas dans des entreprises financées par du capital étranger ? ne voyage-t-elle pas, le cas échéant, sur des compagnies low-cost européennes ? Les problèmes politiques et sociaux, qui à mon sens tiennent davantage à la culture de la rente qu'à la pratique du libre-échange, ne sont pas solubles dans la question des racines. En revanche, il est vrai que certains acceptent de vivre dans une société ouverte, et d'autres non. Certains estiment qu'il suffit de « vivre et laisser vivre », et d'autres voudraient que leurs valeurs fassent autorité. Certains acceptent des frontières plus ouvertes, et d'autres ressuscitent les mythes nationalistes. Certains invitent leurs voisins, et d'autres ferment leurs volets. Certains adhèrent à la société diverse et complexe qui se profile, et d'autres cultivent la nostalgie de l'après-guerre. Là est la véritable fracture, qui traverse toutes les catégories de la population et que le référendum britannique a hélas rendue béante. C'est une fracture morale, pas sociale. Ce à quoi nous assistons partout en Europe, c'est, espérons-le, le dernier sursaut d'un vieux monde homogène qui n'en finit pas de mourir et qui voudrait tout emporter dans sa chute. Ce n'est pas l'opposition du peuple et de l'élite, mais le conflit entre deux peuples : celui d'hier et celui de demain. Gaspard Koenig dans les Echos. http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0211073896696-lelite-et-le-peuple-ou-la-fausse-analyse-du-brexit-2010391.php?Bsmq9ld807YwUeJO.99
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La tragédie grecque commençait à s’estomper ; voici que la remplace le drame élisabéthain. Après une année où c’est au Pirée que semblait être apparue la principale voie d’eau dans le navire européen, c’est finalement le Royaume-Uni qui a choisi de mettre les voiles - « Britannia, rule the waves ».
On pourrait débattre sans fin des causes et des conséquences de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Paradoxalement, c’est à l’instant même où l’un des cœurs de la civilisation européenne choisit d’abandonner le projet communautaire, que s’incarne pour la première fois un véritable espace public en Europe, où dans tous les pays un langage (« Remain », « Leave », « Brexit ») et un cadre de discussion communs abolissent le cadre habituel des confrontations nationales. Jamais débats politiques n’ont été aussi pleinement européens, n’ont aussi entièrement imbriqué les espaces publics nationaux dans une véritable « démocratie européenne », que ces années de Grexit et de Brexit potentiels, où les unes des journaux français, allemands ou espagnols peuvent tout naturellement titrer sur des oppositions politiques qui font rage à des centaines de kilomètres. En tant qu’économiste, je sais les risques d’une augmentation des barrières douanières et d’une entrave à la libre-mobilité des hommes, des marchandises et des capitaux pour les économies européennes, et britannique au premier chef. Je sais aussi combien il est difficile de faire admettre le raisonnement « contre-factuel » : même si la Grande-Bretagne ne plonge pas dans une dépression massive, le véritable coût du Brexit, c’est la différence entre ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, ce qui sera, et ce qui aurait pu être, les investissements qui n’auront pas lieu, les emplois qui ne seront pas créés, les échanges qui ne se produiront pas. Je sais aussi les doutes qui gagnent peu à peu les générations d’après-guerre (bien plus que leurs petits-enfants) face au consensus libéral, occidental, universaliste et post-national que semblait incarner, un temps, l’Union Européenne. Je tente de comprendre sans les juger les replis nationalistes, la peur de l’impact de l’immigration sur les services publics ou la culture nationale, le sentiment diffus que le projet porté par les élites a depuis longtemps dérivé bien loin de celui qui représenterait les intérêts de cette part de la population qui ne prend pas Easyjet parce qu’elle ne part pas en vacances, qui n’a pas fait d’Erasmus parce qu’elle n’a pas été à l’université, qui ne se félicite pas de l’intégration des pays de l’Est parce que c’est en Pologne qu’a été délocalisée son usine. Je sais combien le pédagogisme européiste écœure, combien les leçons d’européennement correct hérissent désormais le poil de cette « Little England » pleine de défiance pour ceux qu’elle juge responsables de cette trahison des clercs. J’essaie de saisir le ressentiment de l’autre moitié, celle qui reste à quai, pendant que circulent toujours plus vite dans une Europe toujours plus vaste les hommes, les biens et les monnaies. Je vois, comme tous, la force avec laquelle, en Angleterre comme ailleurs, s’incruste dans la chair du territoire cette divergence d’intérêts, s’affiche avec netteté sur la carte du Royaume la sécession économique, sociale, démographique, entre la moitié qui gagne et de celle qui perd. Mais ce n’est pas aux analyses économiques, sociologiques ou politiques que je voudrais m’attacher aujourd’hui. A cette heure entre chien et loup, où dans la pénombre d’un projet européen privé de sa vigie l’on écouter résonner des mots, « nationalisme », « indépendance », que l’on n’entendait plus, que l’on ne voulait plus écouter, il est peut-être ironique que le projet européen reçoive un coup d’arrêt qui déplace l’attention d’Athènes à Londres, soixante-douze ans après un voyage en sens inverse qui en créa l’ambiguïté fondatrice. Décembre 1944. La guerre en Europe se termine, le nazisme est en passe d’être vaincu. Déjà s’ouvrent les grandes tractations avec l’ours russe, l’accord dit « des pourcentages », les manœuvres militaires et diplomatiques pour le partage de l’influence entre Occident et Union Soviétique dans une Europe détruite. Winston Churchill est à Athènes. Dans les rues sifflent les balles, à l’heure où fait rage le Dekemvriana, la guerre civile larvée qui oppose les résistants communistes grecs de l’EAM-ELAS - soutenus en sous-main par Staline, au gouvernement grec revenu d’exil après la défaite du nazisme, appuyé par des troupes britanniques appelées en renfort, mais aussi par des groupes d’extrême-droite. Churchill, virevoltant, croyant, comme à son habitude, en son étoile et au pouvoir des hommes d’exception de changer le cours de l’histoire, réunit hiérarques orthodoxes, comme l’archevêque Damaskinos qui vient d’appeler au cessez-le-feu, militaires alliés comme le maréchal commandant les forces alliées en Méditerranée Alexander, et hommes politiques grecs. Il obtient ce qu’il est venu chercher. Les communistes sont défaits, et un accord finira par consacrer le cessez-le-feu, la possibilité d’élections libres et l’intégration relative de la Grèce dans ce qu’il n’est pas encore convenu d’appeler le bloc de l’Ouest. Les historiens débattent encore à ce jour, parfois violemment, du rôle que joua Churchill en Grèce, et des principes qui guidèrent son action. Volonté visionnaire d’unir l’Europe occidentale, et son berceau grec, contre la menace communiste totalitaire qu’il voit poindre à l’horizon, et de repousser un peu plus à l’est le « rideau de fer » auquel il donnera son nom, quelques mois plus tard, à Fulton ? Dernier soubresaut impérialiste de l’influence britannique, qu’un vieux briscard des armées d’Inde et d’Afrique du Sud refuse de voir sombrer avec le demi-siècle qui s’achève ? Realpolitik cynique où la réaction bourgeoise contre la « grande lueur à l’est » justifie toutes les alliances, même au prix d’une compromission avec d’anciens partisans de la collaboration avec le nazisme ? L’Europe est tout cela à la fois, projet de pacification d’un territoire européen ravagé par les totalitarismes et les meurtres de masses, mais aussi instrument d’influence du camp occidental destiné à peser face à l’ogre soviétique auréolé de sa victoire contre le nazisme et du sacrifice de ses troupes, étrange potion de gains matériels bassement stratégiques et d’idéaux louables, chauffée à feu vif dans le chaudron d’une histoire qui n’a pas clos sa marche. L’Europe n’est ni le seul outil des intérêts bourgeois et capitalistes que ses détracteurs voudraient y démasquer ; ni le simple agrégat de slogans bienveillants et de mots d’ordre démocratiques auquel ses partisans prétendent la réduire. Elle n’est pas l’image désincarnée du bien étendant peu à peu son doux empire, rejetant les ténèbres, marchant d’un pas sûr vers la fin univoque de l’histoire. Elle est une puissance, avec ses objectifs, ses forces et ses faiblesses. Elle est une puissance avec ses compromis et ses compromissions, ni pure institution bureaucratique ni chevalier blanc des droits de l’homme et de l’universel, mais véritable nœud de principes, d’intérêts, de passions et de projets. Elle est un hybride, une chimère, un minotaure, tête d’intérêts et corps de passions. L’Europe est une incertitude, à la fois mouvement et position ; et, comme nous l’enseigne la mécanique quantique, mieux vaut ne pas chercher à connaître les deux à la fois. En bon chat de Schrödinger normalement constitué, l’Europe meurt non de ses contradictions, mais de leur levée ; elle ne résiste pas à la décision d’ouvrir la boîte, parce que son existence et sa marche en avant reposent précisément sur ces ambiguïtés fondamentales, celles qui traversent ses centaines de millions d’habitants aux opinions et aux intérets différents, celles qui opposent des pays aux visées stratégiques distinctes, celles, idéologiques et principielles, d’un mois de décembre 1944 à Athènes. On entend depuis ce matin que, pour reconstruire un projet européen après le « Leave » retentissant des britanniques, quels qu’en soient les ressorts – xénophobie, expression d’un rejet des élites et de la mondialisation qu’elles incarnent, peur de la disparition de l’Etat-providence aiguisée par le discours populiste –, on entend qu’il faudrait lui redonner une identité, une image, peut-être même une figure tutélaire. Le « recentrer », le « clarifier ». Je ne le crois pas. Veut-on vraiment identifier, catégorie par catégorie, les perdants et les gagnants du système, quantifier, mesurer à l’euro près qui a intérêt à rester, qui à sortir ? Le référendum britannique fera souffrir le pays, non seulement des conséquences du Brexit, mais aussi de la révélation, sous une lumière un peu trop crue, des « deux nations » que Disraeli déjà mentionnait, de cette « maison divisée contre elle-même » qui ne peut tenir sur ses fondations. Une démocratie vivante ne gagne pas à la levée du voile d’ignorance, elle requiert cette ambiguïté constructive qui permet à des intérêts pourtant opposés de persister à cohabiter, à équilibrer tant bien que mal un bateau qui tire des bords mais poursuit sa route vers un cap à peu près assuré. La leçon du funambule vaut pour le Royaume-Uni comme pour l’Europe : s’arrêter, jeter un œil en bas vers les abîmes qui séparent nos territoires et nos groupes sociaux, c’est la garantie de la chute ; pour continuer la traversée, mieux vaut porter le regard loin en avant, et, avec le sourire chafouin de Churchill, marcher d’un pas assuré sans vouloir en savoir plus. Antoine Levy Didier Deschamps justifiant son coaching et la contre-performance de la France suite à France - Albanie La France va perdre l’Euro. Didier Deschamps en est bien conscient. Il faut dire que Didier est dans une situation un peu inconfortable. Ce soir, 30 millions de foyers regarderont notre belle équipe de France être tenue en échec par l’Albanie. Roshi, Lenjani et Sadiku vont prendre un malin plaisir à se jouer de notre défense de fortune composée de joueurs n’ayant même pas participé aux matchs de préparation. Des choix douteux, un entraineur frileux En alignant les joueurs les plus chers sur le marché, Deschamps n’apporte pas de véritable plus-value au métier de sélectionneur de l’Equipe de France. Deschamps a peur, ne veut pas prendre de véritables risques, il cède face à la pression populaire. Comme mon petit frère Jeremy dirait : « il n’a pas de c***** ». Est-ce bien cela le métier d’entraineur ? Choisir de faire jouer les joueurs qui jouent dans les équipes les plus prestigieuses sans même vérifier qu’ils fournissent un véritable apport à l’équipe ? Si tel était le cas, ma grand-mère Martine serait une très bonne entraineuse, en connaisseuse qu’elle est des prix de tous les sandwichs au thon du 16ème ! Pourquoi ne connaitrait-elle donc pas le prix des joueurs évoluant au Real, à Chelsea ou au PSG? Ça n’est pourtant pas plus compliqué… Sonneraient-ell's plus fort, ces divines trompettes, Si, comm' tout un chacun, j'étais un peu tapette, Si je me déhanchais comme une demoiselle Et prenais tout à coup des allur's de gazelle ? Comme Brassens l’a en effet démontré dans ses très célèbres Trompettes de la renommée, en étant frileux, Deschamps n’a rien à perdre. S’il perd, si la France est éliminée, personne ne lui en voudra car il aura aligné les joueurs les plus chers donc, selon la culture populaire, les plus performants. Un sport collectif Contrairement à ce que cette amie pensait avant le match Irlande-Suède, le football est un jeu collectif. En témoigne la victoire de Leicester en premier League (la L1 anglaise) dont la valeur des joueurs était estimée à 30 millions d’euros. Eden Hazard, un seul des joueurs de Chelsea, arrivé 10ème au classement, coûtait à lui seul 40 millions. Pogba, Griezmann sont des joueurs aux qualités certaines. Pogba sort d’une saison pleine avec la Juventus (Coupe d’Italie, Calcio, Supercoupe), Griezmann d’une finale de la ligue des champions avec l’Athletico Madrid. Lors du premier match de l’équipe de France, face à la Roumanie, ils ont cependant été inexistants. Pogba a fait preuve d’un véritable manque de précision dans ses transmissions, d’une fébrilité dans les duels, d’une très mauvaise vision du jeu. Il était tourné vers sa défense plutôt que vers les buts adverses. Griezmann, de son côté, n’a apporté que peu à l’attaque française. Bien pris par son homologue roumain, il n’a pas réussi à reproduire la grinta qu’il avait pu avoir à l’Atlético Madrid. Pogba, Griezmann ne sont pas mauvais, ne les blâmons pas. Mais ils n’arrivent pas à faire transparaitre l’étendue de leur talent en équipe de France. Il faut donc prendre une véritable décision et les mettre sur le banc pour laisser la place à des joueurs moins médiatiques mais capables de transpercer une défense, d’apporter un véritable plus à nos bleus. Les deux ont d’ailleurs été noté 4/10 à la suite de leur match face à la Roumanie dans la Pravda sportive, Footmercato.fr. La victoire de l’Italie – dont on dit qu’elle dispose de la pire équipe depuis plus de 20 ans - face à la Belgique, donnée favorite par de nombreux bookmakers, montre bien que le foot est bel et bien un sport collectif. Si les italiens ne disposaient pas de grands joueurs, l’équipe était unie, soudée, attaquait et défendait de concert. La force d’un collectif n’est pas l’addition d’individualités, aussi bonne sont-elles. C’est bien cela qui fait d’ailleurs la beauté du foot. Pogba préférant revitaliser sa crinière que de s’entrainer De la difficulté pour Deschamps Dans son Insoutenable légèreté de l’être, Kundera nous fait part de la difficulté à laquelle Deschamps doit faire face. « En travaux pratiques de physique, n'importe quel collégien peut faire des expériences pour vérifier l'exactitude d'une hypothèse scientifique. Mais l'homme, parce qu'il n'a qu'une seule vie, n'a aucune possibilité de vérifier l'hypothèse par l'expérience de sorte qu'il ne saura jamais s'il a eu tort ou raison d'obéir à son sentiment. » Kundera était passionné de football et avait déjà tout compris. Les matchs de préparation étant maintenant terminés, il n’y a aujourd’hui plus de répétition pour Deschamps. Les matchs de l’équipe de France sont maintenant regardés par des millions de téléspectateurs. L’erreur est fatale pour Didier, il ne peut se tromper sous peine de se retrouver hué comme son prédécesseur. Il existe encore une porte de sortie, l’affirmation de soi « Je vivais à l'écart de la place publique, Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique... Refusant d'acquitter la rançon de la gloir', Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir » Didier, je vous en prie, ne vous endormez pas comme un loir, ne cédez pas à la pression populaire, vivez à l’écart de la place publique et soyez le sélectionneur que vous avez su être à l’OM avec des choix audacieux (Ben Arfa sur le banc, achat de Lucho Gonzalez, transfert le plus cher de l’équipe phocéenne). Sans ces choix audacieux que vous pourriez prendre, la France ne gagnera pas l’Euro et vous sacrifierez l’une des plus belles générations du football Français. Didier, tout repose sur vous, ayez les c******* de faire ce que vous voudriez faire. Cédric SABBAH Depuis quelques mois le mot est sur toutes les bouches, « Brexit ». Il provoque crainte, incompréhension et stupeur chez les défenseurs de l’Europe tant les conséquences d’une sortie du Royaume-Unis de l’Union seraient grandes. Le "Brexit" est une abréviation de "British Exit", évoquant l'hypothèse d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, faisant référence au "Grexit" évoqué durant l'été 2015 lors de la crise grecque. A la différence du "Grexit", où la mise à l'écart de la Grèce de la zone euro (et non de l'Union européenne) qui pouvait être envisagée comme une sanction envers le pays, il s'agirait dans le cadre du "Brexit" d'un départ volontaire de l'Union. Après des mois de négociations, un compromis sur le "statut spécial" du Royaume-Uni dans l'UE a été trouvé lors du Conseil européen des 18 et 19 février 2016. Le lendemain, le Premier ministre David Cameron a annoncé qu'un référendum sur cette question aura lieu le 23 juin 2016 et qu'il fera campagne pour que le pays reste dans l'UE à ces conditions. Les sources du Brexit L’opposition d’une partie de la classe politique Britannique à l’Union Européenne ne date pas d’hier, elle est en fait présente dès l’intégration de la Grande Bretagne à la CEE en 1970. L’Euroscepticisme prégnant du Royaume-Unis peut trouver son explication à travers cinq facteurs que sont la géographie, l’histoire, la politique, l’économie et les médias. L’insularité du Royaume-Uni et sa forte tradition maritime sont des éléments identitaires très forts qui poussent à la méfiance vis à vis d’une construction continentale hégémonique. Son histoire et sa résistance face à l’Allemagne nazie font que le pays n’a jamais éprouvé l’urgence de la construction d’une Europe Kantienne. Son économie ensuite, a toujours été tournée vers l’extérieur, ainsi avant son intégration à la CEE, la Grande-Bretagne échangeait plus avec le reste du monde qu’avec l’Europe. Plusieurs éléments peuvent s’ajouter à ces facteurs. Tout d’abord la montée d’une vague eurosceptique au sein des conservateurs. L’absence de débat autour de l’Union Européenne, source de divisions internes, a en effet permis à une branche eurosceptique de se créer au sein du parti. Mais c’est lors de sa campagne pour briguer un second mandat que le Premier ministre David Cameron a promis d'organiser, au plus tard en 2017, un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union européenne : Promesse tenue. Le spectre du référendum est un levier politique pour le Royaume-Uni, visant à changer la direction prise par la construction européenne. Surtout c’est l’émergence du parti UKIP avec à sa tête Nigel Farage qui a remis la question sur le devant de la scène. Si l’ambition principale du parti est de quitter l’Union, ce dernier cristallise toutes les frustrations d’une frange de la population à travers un discours protectionniste et anti-immigration. Devenu troisième parti de Grande Bretagne suite aux dernières élections de 2015 il a largement libéré la parole autour du Brexit. Thème dont se sont emparés les médias Britanniques friands d’oppositions frontales. Il est d'ailleurs difficile de savoir si la presse nourrit l’euroscepticisme, ou si elle s’adapte à un euroscepticisme persistant des Britanniques, mais il est indéniable que la couverture négative de nombreux quotidiens influe sur le débat. Que veut le Royaume-Unis ? Le 15 novembre 2015, le gouvernement britannique a présenté quatre grandes exigences au président du Conseil européen, Donald Tusk. Ces exigences ont fait l'objet de longues heures de négociations lors du Conseil européen des 18 et 19 février 2016, à l'issue duquel un accord a été trouvé. Sur l’immigration et libre circulation des Européens : David Cameron a obtenu de pouvoir limiter certaines aides sociales pour les nouveaux migrants issus de l'UE selon une clause de sauvegarde de sept ans et une échelle graduelle. Sur la monnaie ensuite, le Premier ministre a obtenu que l'euro ne soit plus considéré comme la monnaie unique de l'UE mais le vocabulaire du texte reste vague sur ce point. Enfin sur la souveraineté des concessions ont également été faites. Cet accord vivement débattu au parlement Européen a suscité l’indignation de nombreux parlementaires, notamment ceux d’Europe de l’Est qui se voient directement visés dans la politique anti-migratoire du Royaume-Unis. Alors que Jean Claude Juncker se félicitait de ces avancées pensant qu’elles éviteraient un référendum, David Cameron annonça sa tenue dès le lendemain. Un Brexit est-il possible ? Le débat sur le Brexit a officiellement été lancé en Avril dernier. Très serrés, les sondages ne permettent pas d’identifier une tendance. Oscillant entre 42% et 43% le oui et le non sont au coude à coude, se sont surtout les indécis, au nombre de 12% qui décideront de l’issu de l’élection. De leur côté, les bookmakers estiment la probabilité de Brexit à environ 30%, le site de prévision hypermind lui donne une probabilité de 25%, et le Good Judgment Project 20%. Globalement donc le Brexit n'apparaît pas, à la date actuelle, comme l'issue la plus probable. Mais un accident est vite arrivé. D’un point de vue pratique, aucun pays n’a encore quitté l’Union Européenne. Avant l'entrée en application du Traité de Lisbonne le 1er décembre 2009, aucune disposition du traité ne précisait d’ailleurs expressément la possibilité pour un État membre de se retirer volontairement de l'UE. Le traité de 2004 établissant une constitution pour l'Europe a prévu que tout État membre peut se retirer volontairement de l'Union européenne. Cette disposition fut reprise intégralement dans le traité de Lisbonne en tant qu'article 50. Cet article formalise la procédure de retrait en établissant que chaque État membre peut notifier au Conseil européen son désir de se retirer. Une période de négociations s'entame alors entre l'État et le Conseil sur les modalités de séparation. Sans accord effectif dans les deux ans, les traités européens ne sont plus applicables à l'État, sauf si le Conseil européen décide à l'unanimité, en accord avec l'État membre, de proroger ces délais. Les États restants devront aussi négocier les impacts de ce départ sur les budgets, droits de vote et politiques européens. Quels seraient les conséquences d’un Brexit ?
La sortie de l’Union Européenne inquiète tout particulièrement les milieux économiques. Ainsi dès 2015, l’agence Standard and Poors a revu à la baisse sa notation de le Grande Bretagne dégradant sa perspective de « stable » à « négatif » expliquant le danger que représentait la perspective d’une sortie de l’UE pour la Grande Bretagne. De nombreuses études sont sorties sur le sujet, montrant presque unanimement qu’une sortie de l’UE pour la Grande Bretagne aurait des conséquences désastreuses pour le pays. Mais c’est surtout le rapport du Trésor Britannique qui fait référence. Ce dernier affirme qu’une sortie de l’UE provoquerait une récession pendant un an, sur deux ans la croissance du PIB serait réduite de 3,6% par rapport à ce qu’elle aurait été en restant dans l’UE, 500 000 emplois seraient perdus, la livre sterling baisserait de 12 %, les prix immobiliers de 10 % et les salaires réels moyens reculeraient de 3 %. Et pourtant il s’agit là du scénario « optimiste » élaboré par le trésor, le pire scénario tablant sur un recul de 6% du PIB et la destruction de 800 000 emplois. D'un autre côté, le contrecoup d’un Brexit serait réel pour l’Union Européenne. La sortie de la Grande Bretagne pourrait marquer le début d’une dislocation de l’Union réduisant le projet fédéraliste à néant. Il serait aussi la preuve d’une défiance certaine des opinions publiques envers le projet Européen qui depuis la crise fait figure de bouc émissaire pour de nombreux gouvernements nationaux. Sur la scène internationale aussi, le coût serait élevé pour l’union. Sa pertinence en tant que bloc face aux grands partenaires serait remise en cause et son exemplarité en terme d’intégration mise à mal. Jean Claude Juncker a également souligné à de nombreuses reprises le péril que représenterait une sortie de l’Union, affirmant en Avril lors d’un sommet en Allemagne que « la sortie de l’union aurait des conséquences que l’on ne peut imaginer »1. Ce dernier est d’ailleurs ouvertement engagé dans un bras de fer avec l’ancien maire de Londres Boris Johnson. Cependant, le Brexitqui pourrait avoir un certain nombre de retombées positives pour l’union. En remettant en question le modèle de construction actuelle, le Brexit pourrait pousser à une nouvelle réflexion pour déterminer l’avenir de l’union. |
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Juin 2017
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