« Une rencontre sans précèdent », c’est ainsi que le principal conseiller du guide suprême iranien a qualifié l’entretien entre Vladimir Poutine et l’Ayatollah Khamenei qui a eu lieu le 23 Novembre dernier. Au cœur des discussions se trouvait évidemment la Syrie et l’attitude à adopter face à Bachar al Assad. L’Iran ayant des Pasdarans sur le sol syrien et la Russie des avions pouvant appuyer ces dernier, la coordination des Etats majors est un enjeu capital. Les deux principaux alliés du régime ont réaffirmé qu'il n’est pas question de dicter son destin à la Syrie et donc de décider ex-ante qu'elle se construira sans Bachar. Un tournant historique : Il faut souligner que cette rencontre n’a rien d’anodin, et peut être qualifiée d’historique. Il s’agit en effet du point le plus haut des relations diplomatiques entre les deux pays depuis le 19ème siècle. Russes et iraniens sont en effet de vieux ennemis : jusqu’au début du 20ème siècle les deux puissances n’hésitaient pas à croiser le fer s’ils le jugeaient nécessaire. Pendant la guerre Iran-Irak, l'URSS, se range du côté occidental en approvisionnant le régime de Saddam Hussein en grandes quantités d'armes conventionnelles. L'ayatollah Khomeini considérait en fait que l'islam était incompatible avec les idéaux communistes de l'Union soviétique, ce qui fit de Saddam un allié de Moscou autant que des Américains (ces derniers ne le rejettent qu'au déclenchement de l'invasion du Koweït). Mais très vite à l’Union soviétique -ennemi principal du Chah- est substituée l’Amérique au rang de grand Satan par le pouvoir Islamique C'est surtout après l'effondrement de l'empire soviétique que les deux pays vont commencer à se rapprocher, inquiets de l'émergence d'un arc sunnite wahhabite. Ainsi l'Iran soutiendra officieusement la Russie lors de la guerre en Tchétchénie contre les djihadistes sunnites. La situation aujourd’hui n’a pas beaucoup changé en Syrie: On observe encore une fois l’Iran chiite et la Russie orthodoxe affronter l’extrémisme sunnite. Le volet énergétique : Loin de se focaliser sur la question Syrienne, il était question pour les deux chefs d’Etat de s’entretenir à propos des problèmes énergétiques. La Russie étant devenue de nouveau incontournable dans le jeu diplomatique mondial, avoir son soutient est indispensable pour l’Iran. Mais la rencontre se faisait aussi dans le cadre de la préparation d’un accord énergétique visant à créer un OPEP du gaz. En effet, la Russie et l’Iran se partagent respectivement les premières et secondes réserves de gaz mondiales. La Russie a exprimé ses préoccupations vis à vis de l’ouverture économique (notamment vers l’Europe) de l’Iran et voudrait un droit de regard sur les gazoducs iraniens qui pourraient se diriger vers l’Europe où la Russie exerce un quasi-monopole. Derrière un projet aux allures tiers-mondistes, L'OPEP du gaz serait pour la Russie un moyen d’influence à la manière de l'OPEP pour l’Arabie Saoudite. La coopération énergétique entre les deux est aussi une suite logique de la politique russe qui a toujours soutenu le nucléaire Iranien grâce à des transferts de technologie. Un choix par défaut pour Téhéran qui s’était vu refusé l’installation de centrales par ce qui deviendra Areva. une relation gagnant-gagnant puisque de son côté la Russie importe son uranium enrichi des provinces Iranienne. L’ouverture partielle de l’Iran devrait accentuer cette coopération car l'ouverture ne s’applique pas sur les domaines de la défense et de l’énergie qui intéressent Moscou. Une alliance idéologique: L’alliance économique se double d’une alliance idéologique anti-OTAN que les deux chefs d'Etat exposent souvent lors de leurs discours respectifs. L’OTAN ne doit pas être compris ici uniquement comme une menace militaire mais aussi comme une menace idéologique. Pour Moscou et Téhéran la philosophie des droits de l’homme représente une menace existentielle. Cependant les accrochages devraient se faire plus nombreux dans l'avenir entre les deux pays notamment sur la question du Caucase. Les deux pays voyant la région comme leur arrière court, ils risquent très vite de se marcher sur les pieds. Les commentaires sont fermés.
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Juin 2017
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