![]() Depuis vendredi j’ai peur. Je n’ai pas honte de le dire je suis terrifié. A cette terreur se mêle une colère et une rage que je n’arrive pas à contenir. Cette colère est évidemment dirigée à l’encontre de ces barbares mais elle l’est aussi contre nous tous. Car nous n’avons pas de mémoire et nous sommes restés trop passifs face à cette menace. Nous devons donc complètement revoir notre copie. A l’intérieur de la nation Cette série d’attentats n’est qu’un épisode d’une triste série qui a commencé en 2012 avec Mohamed Merah et ses 7 victimes dont 3 militaires et 3 enfants. La classe politique avait à l’époque unanimement condamné et la campagne électorale s’était même interrompue. Mais comment le peuple français a-t-il réagi à l’époque ? Combien étions-nous dans les rues pour crier notre indignation ? Trop peu. En parallèle de l’évènement une petite musique cherchant à minimiser la gravité de l’évènement, on parle alors de « loup solitaire » et on nie que la menace est globale. En se mettant volontairement des œillères, ces personnes innocentes sont mortes pour rien. Trois ans plus tard, l’année 2015 commence vraiment mal. Les attentats à Charlie Hebdo et à l’Hyper casher plonge le pays dans l’effroi et une réaction populaire remarquable répond à la gravité de l’évènement par des manifestations dans tout le pays. Un cri de dignité se fait entendre « Je suis Charlie ». Mais alors, qu’avons-nous manqué ? Plus le temps passe et plus une autre petite musique nauséabonde se fait entendre. On nous dit qu’il faut « comprendre ceux qui ne sont pas Charlie ». On minimise volontairement les multiples cas où des étudiants refusent de respecter la minute de silence dans les écoles. Nous avons passé notre temps a essayé de comprendre, d’être dans une compassion mortifère vis-à-vis de ceux qui ne se sentaient pas Charlie. Le 31 octobre dernier s’est tenue à Paris « La marche de la dignité » qui n’avait de digne que le nom. Durant cette marche des sentiments anti-français, anti-républicains et même en faveur du terrorisme se sont ouvertement exprimés sans qu’aucune mention n’en ait été faite dans les médias. Certains acteurs de cette marche sont exactement les mêmes qui défilaient avec des personnes portant le drapeau de l’Etat Islamique lors d’une des manifestations en solidarité avec Gaza à l’été 2014. Parmi ces groupes et associations que je vise il y a notamment « Les indigènes de la République ». Il n’y a qu’à lire le contenu de leur communiqué pour comprendre à qui nous avons à faire: « La France connait le retour de flamme d’une politique étrangère belliciste en Libye, au Mali, en Syrie, en Irak… motivée par la stratégie du « choc de civilisations » et son corrélat interne que sont le racisme et l’islamophobie d’État » Depuis ces affreux attentats une autre musique vraiment nauséabonde se fait entendre : “Cette fois c’est grave car nous sommes tous visés, avant c’était ciblé et il y avait des raisons de commettre ces attentats”. Cette phrase résume à elle seule notre responsabilité et notre aveuglément le plus total. En pensant que les journalistes, les policiers et les juifs sont des cibles “justifiables” on continue à justifier l’horreur et la barbarie. Pire encore, nous renonçons à l’idéal républicain d’une nation “une et indivisible”. Peut être est-ce parce que nous ne nous sommes pas tous sentis visés lorsque des policiers, des journalistes et des juifs ont été froidement assassinés que nous en sommes là aujourd’hui. Nous ne pouvons pas passer notre temps à jeter l’opprobre sur la classe politique sans une remise en question populaire salvatrice. Le Président de la République a affirmé que nous sommes en guerre. Sûrement. Ces groupes qui se permettent d’insulter nos valeurs, et d’attiser les haines sont les appuis objectifs, quoiqu’indirects, des terroristes. A ce titre dans une guerre on appelle ça des traîtres. Combien de temps allons-nous encore nous laisser faire ? Notre passivité face à de tels ennemis de l’intérieur, de tels groupuscules qui font bien entendre leur voix, et connaissent un succès certain sur les réseaux sociaux, nous rend directement responsables de ce qu’il se passe. Contrairement à ce que l’on peut penser, les islamistes radicaux ne sont pas nos seuls ennemis. Nous faisons aussi face à des ennemis qui retournent les armes de la démocratie contre nous en tenant des discours permissifs et compassionnels à l’égard de monstres sous couvert de la liberté d’expression. C’est en ne laissant plus rien passer sur la défense de nos valeurs que nous retrouverons notre dignité et que la prochaine fois qu’ils frapperont nous saurons répondre. La France est à genoux parce qu’en tant que peuple nous avons aussi collectivement échoué à faire vivre et à affirmer nos valeurs en particulier celle de la laïcité. Une fois que ce travail pénible et long aura été effectué nous pourrons nous inscrire dans la continuité historique de la nation et du peuple français qui a toujours su se relever après des épreuves terribles. Notre destin est entre nos mains. Ne laissons pas au Front National le monopole du discours sur nos valeurs, notre culture et notre civilisation. Mais pour cela nous devons aussi changer de paradigme en ce qui concerne notre politique étrangère. Source: formfollowsfunctionjournal.tumblr.com A l’extérieur de la nation Depuis 2007 et l’élection de Nicolas Sarkozy la France s’est encore plus engagée dans la politique du « carnet de chèque ». Ne nous y méprenons pas, tous les pays occidentaux font du commerce avec des pays peu recommandables. Néanmoins, l’ampleur prise par cette politique consistant à vendre le maximum d’armes et de technologies à des régimes et des pouvoirs archaïques est irresponsable. Kadhafi et Bachar sont les exemples les plus caricaturaux. Reçus en grande pompe, puis devenus du jour au lendemain ennemis publics numéro 1. Au lendemain des attentats de janvier 2015, certaines voix se sont élevées pour remettre en cause nos alliances et nos relations commerciales avec le Qatar, qui laisse ses ressortissants financer le terrorisme international. Il est aussi avéré que l’Arabie Saoudite et le Qatar financent certains lieux de radicalisation en France. Et pourtant nos dirigeants continuent d’en faire les louanges. Ces voix ont été trop peu écoutées. Tout comme celles remettant en cause la stratégie en Syrie et en Irak pour combattre l’Etat Islamique. Quelle est notre stratégie actuellement ? On arme les « rebelles syriens » et on bombarde depuis les airs. Très bien. Qui sont ces rebelles présentés comme « modérés » ? Il s’agit entre autres d’islamistes un peu moins radicaux que l’Etat islamique, le front Al Nosra qui est une branche d’Al Qaïda. Donc, nous combattons Al Qaïda en Afrique (AQMI) mais nous le soutenons en Syrie. Où est la cohérence ? Où est la logique ? Les alliés objectifs que nous avons dans cette région et qui prennent une part active dans les combats sont les Kurdes, notamment le groupe des Lions de Rojavah qui se sont faits connaître en accueillant en leur sein des combattants néerlandais, anglais et australiens. On en entend très peu parler et pourtant ils ont affaire à deux ennemis. Le premier est notre ennemi commun, l’Etat islamique. Le deuxième, et c’est beaucoup plus problématique, est la Turquie, qui les bombarde, laisse sa frontière ouverte aux djihadistes européens qui rentrent et sortent de la zone de guerre, et ferme les yeux sur les contrebandiers de pétrole et de coton qui représentent une manne financière pour Daesh. Nous n’osons pas mettre des pressions sur les Turcs car ils tiennent les frontières et limitent l’afflux de réfugiés venant de la région. Où sont nos idéaux ? Notre morale ? Notre éthique ? Cessons cette politique étrangère incohérente qui dure depuis un peu moins de 10 ans. On peut se passer de vendre aux Qataris, aux Iraniens, à l’Arabie Saoudite qui sont peut être sur le terrain nos alliés pour combattre l’Etat Islamique mais qui financent aussi le terrorisme international et certains lieux salafistes en France, et imposent leur doctrine par l’argent à d’autres pays musulmans - en particulier le wahhabisme saoudien. Enfin, notre dernière erreur est celle qui consiste à ne pas faire la distinction entre le concept d’allié et celui d’ami. Les Anglais, les Américains et les résistants français n’ont pas hésité une seule seconde à s’allier avec Staline qui est bien pire que Poutine au niveau du sang qu’il a sur les mains pour en finir avec le péril nazi. De notre côté, nous nous attardons sur des détails et nous permettons à notre ennemi de se renforcer car nous avons refusé de s’allier à la Russie pour en finir avec le péril terroriste. Notre réflexion s’est axé uniquement sur l’après, la question se centre autour du « Bachar va-t-il rester après que le problème soit résolu ? » Résolvons d’abord le problème, il sera ensuite grand temps d’écarter ce boucher. Le discours tenu par le Président de la République au Congrès de Versailles a été un grand discours et il a montré des inflexions salutaires. Mais elles restent insuffisantes. Esprit de Munich 1938 ou de la Résistance de 1940 ? Notre destin est entre nos mains. Il ne tient qu’à nous de réagir et de ne plus rester passifs face à ce qui nous entoure. Emmanuel Attias
1 Commentaire
TATOONE David
11/23/2015 02:43:07 am
Une excellente tribune. Je suis d'accord avec 95 % de l'analyse. Par contre une erreur de français à corriger: "car nous avons refusé de s’allier à la Russie"... de NOUS allier !
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Juin 2017
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