Un super remaniement ministériel est actuellement en train de se préparer. Taubira l’a bien senti en posant sa démission pour éviter que son coup d’éclat ne soit dilué dans les nombreux départs du gouvernement. Tout ceci car le mandat de Jean-Louis Debré, président du conseil constitutionnel arrive à son terme. Mais au fait c’est qui ce type ? Pour ceux qui ne le connaîtraient pas il a été ministre de l’Intérieur entre 1995 et 1997 et président de l’Assemblée nationale entre 2002 et 2007. En outre, c’est le fils de Michel Debré, ancien premier ministre du Général de Gaulle et rédacteur de la Constitution qui a fondé la Vème république. Depuis 2007, il a contribué à réveiller une institution fondamentale de nos institutions, le Conseil constitutionnel. Aux Etats-Unis la Cour suprême est une institution phare et exerce une influence considérable sur la politique américaine. Preuve en est, elle a implicitement accorde récemment le droit pour les couples homosexuels de se marier dans l’ensemble des Etats américains sans que le parlement américain ne puisse donner son avis. Il faut reconnaitre à Jean- Louis Debré le mérite d’avoir réveillé une institution endormie tout en assumant parfaitement le devoir de réserve qui était le sien. Monsieur Debré a profondément modernisé cette institution en filmant les séances du Conseil constitutionnel et en traitant un nombre considérable de questions prioritaires de constitutionnalité. En effet, les citoyens peuvent interpeller directement le conseil constitutionnel sur des affaires en cours. C’est une avancée démocratique considérable qui a été mené avec brio. Il a réussi aussi l’exploit d’arriver à mettre dans la même pièce pendant plusieurs heures Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy. Quand on sait que les anciens présidents de la République sont des monstres d’ego et que ces trois derniers ont un certain nombre de problèmes à régler ce n’est pas une mince affaire. En effet, Chirac a fait en sorte de faire perdre Giscard face à Mitterrand, Sarkozy a soutenu Balladur après avoir été le fils spirituel de Chirac qu’il a traité par la suite de « roi fainéant ». Ambiance. Ce poste prestigieux est donc très convoité. Laurent Fabius, après avoir traité Hollande de « fraise des bois », mène une lèche active pour avoir le siège. Lionel Jospin, ancienne glorieuse figure de la gauche fait aussi tout pour obtenir le siège. Aucun des deux n’est juriste ni magistrat ce qui pour un tel job est contre-indiqué. Et pourtant, l’homme qui va avoir le pouvoir d’annuler une loi une fois qu’elle est votée n’aura probablement aucune compétence juridique pour justifier si une loi est constitutionnelle ou non. Jean-Louis Debré a fait son travail loin de la lumière des caméras, en remodelant une institution qui en avait vraiment besoin et en gardant sa totale indépendance par rapport au pouvoir politique. La meilleure preuve c’est que Sarkozy a tout fait pour le déloger de son fauteuil a l’époque ou il était à l’Elysée. La révision constitutionnelle actuelle devrait peut-être se pencher sur cette absurdité qui donne un siège automatiquement aux anciens présidents de la République. Il faut être objectif, Chirac n’a plus toute sa tête, Hollande n’a aucune culture juridique et Sarkozy est un professionnel du droit des affaires, pas du droit constitutionnel. Seule la place de Giscard peut se défendre au sens où il appartient à une génération qui a contribué à créer la constitution de la Vème République. En attendant la sobriété de Jean-Louis Debré qui faisait le travail en silence va manquer à nos institutions. (Crédits photo: © Sipa press © AFP © Reuters)
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Juin 2017
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