Chers jeunes parisiens, L’atmosphère est lourde. Les évènements récents sont omniprésents à la radio, à la télé, dans les attitudes des gens, dans nos (nouvelles) manières de vivre, dans nos esprits. Pour ma part, je ne me sens l’envie pas d’écrire sur les évènements récents et ce principalement parce que j’ai beau lire, écouter ou encore visionner tout ce que je peux trouver sur le sujet, cela ne fait pas sens dans ma tête pour le moment. Je me suis replongée dans l’actualité, dans mes cours de géopolitique, et même dans la philosophie de prépa car après tout, certains concepts se rapprochent des thématiques en question. Mais ni BFM, ni notre gouvernement et les discours qui ont été prononcés, ni même Hannah Arendt dans son explication de la banalité du mal n’ont réussi à me à me fournir ni l’apaisement ni le sens. Cet apaisement, je n’ai pas honte de le dire, ne me viendra que quand j’oublierai. Certains me diront, « c’est égoïste », et c’est vrai. C’est vrai que c’est égoïste de vouloir oublier qu’un drame vient d’avoir lieu dans notre Paris. Et c’est également vrai que nous avons un travail de mémoire à effectuer car après tout, ces victimes auraient tout aussi bien pu être nous-mêmes, à une terrasse de café, à un match de foot, ou à un concert. D’autre me diront « c’est inconscient », et c’est vrai. C’est inconscient que de vivre comme avant, que de s’installer à une terrasse de café ou de se rendre à un concert sans se soucier de ce qui peut nous arriver. Enfin certains me diront « c’est malheureux ». Et c’est vrai. C’est vrai que c’est malheureux que de chercher à oublier, de chercher par tous les moyens une posture psychologique nous permettant de nous ré-asseoir à la terrasse d'un café comme si de rien n'était. Comme si de rien n'était, alors que des victimes qui n’ont rien demandé, et qui méritent de marquer les mémoires des générations, d’avoir un mémorial à leur nom ne pourront pas faire de même. Mais alors quoi ? Vivre avec ? Vivre en gardant en mémoire ce qui s’est passé, dans un coin de nos têtes ? C’est impossible. Impossible car ce serait admettre que le pire est possible, voire probable, dans cette ville de Paris, que nous aimons plus que tout. #tousenterrasse ? Pas de problème, mais pas en pensant que ma dernière heure pourrait arriver du fait de mon emplacement au sein du café. Pas en me disant que, si ça se trouve, l’individu au loin en train de fumer une cigarette est peut-être en repérage pour une future attaque. Vivre avec ? Mais comment ? Comment vivre avec la peur au ventre ? Ça ne s’appelle plus vivre. Je préfère oublier, et je ne me fais que peu de soucis. Il ne s'agit pas d'oublier les victimes, mais d'oublier que le pire est possible. Même si c’est long, ça viendra, nous apprendrons tous et toutes à passer à autre chose; nous oublierons. Malheureusement, mais heureusement aussi. Et viendra peut-être même un soir, où, sans y penser, on se ré-assoira à une terrasse de café, sans la moindre crainte. Et j’ai honte de le dire, mais j’attends ce jour avec impatience. En attendant d’oublier, j’aime me rappeler. Me rappeler de pourquoi j’aime Paris. Pourquoi, comme beaucoup, j’adore me plaindre de cette ville qui m’émerveille et que je ne quitterai pour rien au monde. Certains se reconnaitront peut-être dans ce que je vais décrire maintenant, mais je me doute aussi que d’autres ne s’y retrouveront pas du tout. Parce que, ce Paris que je décris est le mien. Et chacun son Paris. Paris, c’est les Parisiens. Et les Parisiens ont un avis sur tout. Merci de dépister ici l’ironie. Qui ne s’est jamais pris la tête avec un gentil Parisien au volant qui cherche à vous apprendre à vous garer, avec un garçon de café qui s’énerve parce qu’il s’est trompé dans votre commande, avec un inconnu dans le métro qui n’est tout simplement pas d’accord avec votre manière de vous asseoir, etc? Mais qu’importe, dans au moins la moitié des cas, vous êtes en tort, vous aussi, vous êtes de Paris après tout, donc tout aussi sympa. Quand on se promène à Paris, on a l’impression d’être en plein milieu d’une scène de cinéma. Qui n’a jamais profité de ces 10 minutes d’avances pour aller se promener à la tour Eiffel, au jardin des plantes, à Montmartre, ou à n’importe quel endroit somptueux qui se trouvait tout près de là où il était attendu ? Paris c’est aussi le vin, les croissants et les baguettes que le monde entier nous envie. Et qui n’a jamais entamé une baguette avant de la ramener chez soi pour le dîner ? Paris, c’est la classe parisienne. A chaque ville son charme, mais il faut rendre à Paris ce qui lui revient, nous ne sommes pas la capitale de la mode et du luxe pour rien. A Paris, on est plus chic qu’ailleurs.
Paris c’est les touristes. Et on adore s’en plaindre. Mais est-ce qu’on ne les comprend pas, au fond ? Après tout, si j’étais à Paris pour un temps limité, moi aussi j’irai faire la queue pour entrer dans Notre Dame ou pour acheter des macarons. Et on le fait parfois, bien qu’on soit parisien depuis toujours. Sauf qu’on ne fait pas la queue. Paris, c’est la pluie. Et on en a marre, nous, parisiens, qu’il pleuve tout le temps sur la capitale du temps gris. Pour autant, la seule chose qui soit plus beau que Paris ensoleillé, c’est Paris sous la pluie. Paris, et ses jardins en pleine agglomération. Labyrinthe du jardin des plantes, Ranelagh, Luxembourg, Tuileries, ai-je besoin d’en dire plus ? Paris est gorgé d’ondes artistiques et intellectuelles. Les salons littéraires, les tables élitaires ou encore Proust qui écrivait sa Recherche depuis la table du fond chez Angelina. On en arrive presque à croire que si on restait à Paris assez longtemps, on en finirait par produire un truc intéressant. Parce qu’à Paris on nous parle toujours en français. Enfin la volonté est là, c’est juste que parfois, il n’est pas évident de comprendre qu’on nous parle en français. Ces parisiens, faut dire qu’ils ne font pas beaucoup d’efforts pour comprendre ! Parce que Paris est un endroit propice à tomber amoureux. Et peu importe où l’on vous emmène (ou alors où vous y emmenez l’élu de votre cœur), à Paris, de toute façon, ça ne peut être que romantique. Il n’y a pas de meilleur endroit au monde pour tomber amoureux qu’à Paris. Parce qu’à Paris, c’est toujours la grève. Quel que soit le jour, il est quasiment sûr que nous ne pourrons pas accéder à notre destination sans au moins quelques péripéties, qu’il s’agisse du métro qui n’est pas desservi à son horaire, ou alors du « vous comprenez mademoiselle, si je vous laisse passer, je dois laisser passer tout le monde. Et là, on a bouclé le périmètre, il y a une manifestation de la CGT ». Parce que les parisiens sont des bons vivants. Et qu’ils ont toujours une bonne raison de faire la fête et de s’amuser. Parce qu’à Paris, on ne jugera jamais vos vices. Tu fumes ? Tu bois ? Aucun problème, personne ne te jugera pour ça, au contraire ! A.C.
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Juin 2017
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