Jean-Luc Mélenchon ne s’est hissé qu’à la quatrième place de cette élection présidentielle (19,62 %). Comme Philippe Vallée, 58 ans, nombre de ses soutiens, déçus, ont donc décidé de s’abstenir lors du second tour, refusant de voter pour Emmanuel Macron afin de faire barrage au Front national. J’ai 58 ans et suis chauffeur pour enfants handicapés à Marseille. Voilà deux mois, j’ai décidé de rejoindre le mouvement des Insoumis, car c’était l’offre politique citoyenne qui me correspondait le mieux. Ma motivation première était de participer à un mouvement citoyen, qui puisse faire évoluer la représentation politique. J’estime qu’au Palais Bourbon, parmi les 577 députés, une mixité sociale doit s’instaurer. Durant ces deux derniers mois, j’ai donc fait bien plus que voter, j’ai milité et rejoint un groupe d'appui mélenchoniste dans le 10e arrondissement de Marseille. J’ai collé des affiches, tracté... Je me suis vraiment impliqué dans la campagne de la France insoumise. J’ai ressenti une profonde déception Dimanche 23 avril au soir, après avoir fait mon devoir de citoyen en participant au dépouillement de mon bureau de vote, j’ai suivi les résultats à la télévision toute la soirée jusqu’à 1 heure du matin. Je ne peux pas nier que j’ai ressenti une profonde déception de ne pas voir Jean-Luc Mélenchon accéder au second tour. Au fil des heures, j’ai vu les compteurs remontés doucement, je l’ai vu effleurer Fillon. J’ai réellement cru qu’on pouvait espérer la troisième place. La prudence dont a fait preuve Jean-Luc Mélenchon, en ne reconnaissant pas tout de suite les résultats, était de mise. Pour autant, je n’avais plus vraiment d’espoir de le voir dépasser Marine Le Pen. Cet échec n’a pas vraiment été une surprise car la dernière semaine de campagne a été horrible. On nous a fait passer pour des Bolchéviques, des admirateurs de Hugo Chavez, des extrémistes, ce qui est totalement faux. Toutefois, son score important est une victoire pour le peuple d’en bas, les 19,62% de citoyens qui se sont reconnus dans la France insoumise n’ont pas disparu ce dimanche à minuit, ils sont toujours là. Je continuerai donc à donner de ma personne en vue des législatives. Pourquoi j'ai décidé de m'abstenir Ma décision de m’abstenir au second tour du scrutin n’a pas été facile à prendre. Jusqu’à tard dimanche, je pensais encore voter pour Emmanuel Macron afin de faire barrage au Front national. J’étais même en opposition avec ma compagne qui avait décidé, dès le départ, de ne pas se rendre aux urnes. Trois raisons ont motivé ce revirement de situation : tout d’abord, la nécessité de montrer que je n’adhère ni au fascisme, ni à ce que j'appelle le "cupidalisme", soutenu par Emmanuel Macron. Ce néologisme, que j’ai inventé dans la cadre de la rédaction d’un essai intitulé "Que d’mande le peuple ?", désigne le fils de la cupidité mondialisé et du capitalisme financiarisé. L’ennemi ce n’est pas le capitalisme ou la finance, c’est le "cupidalisme" qui implique l’absorption d’entreprises par des multinationales, qui n’ont que faire de l’intérêt des travailleurs du pays. Si on découvre, un jour, des habitants sur la Lune ou sur Mars, je suis certain que des usines seront délocalisées là-bas. Emmanuel Macron oublie totalement l’importance de la création d’emplois intérieurs. La deuxième raison de mon abstention est la réaction du candidat d’En Marche ! lors de l’annonce des résultats. En tant que citoyen, j’ai été profondément choqué par son discours triomphal, j’ai vu en face de moi à la télévision, un petit enfant qui se voyait déjà vainqueur. Cela m’a rappelé un mélange entre Sarkozy au Fouquet’s et le convoi de voitures de Chirac. Emmanuel Macron devait rester humble. Les Français, le peuple, en ont marre de cette arrogance, qui fait, en outre, le jeu du FN. Quand j’ai vu le candidat d'En Marche ! pavaner, je me suis formellement dit que je ne voterai pas pour lui. Je n'ai pas à culpabiliser
Le dernier facteur ayant influencé mon choix est la culpabilisation inacceptable qu’on a essayé de faire peser sur les épaules des mélenchonistes. En zappant sur les différentes chaînes, j’ai pu assister à un véritable concert de pleureuses, qui, après le discours de Jean-Luc Mélenchon, insinuaient qu’on voulait faire élire Marine Le Pen. Moi, je ne me sens pas coupable. Pour ces différentes raisons, j’ai donc fait le pari de l'abstention, qui me semble raisonnable. Macron sera élu car suffisamment de socialistes et de Républicains se sont rabattus derrière lui. L’enjeu est d’avoir un fort taux d’abstention, afin que les candidats soient conscients qu’une bonne partie de la population n’adhèrent pas à leurs idées. Le vote blanc, comptabilisé dans la participation, n’était ainsi pas une option. Mon espoir : l’absence de majorité pour le FN Je n’ai pas pris cette décision de gaieté de cœur, je l’ai toujours en travers de la tête, mais je vais garder mon abstention jusqu’au bout. Le front républicain a de fortes chances de marcher mais, imaginons le pire scénario, si Marine Le Pen est élue à cause de moi, je mettrais tout mon espoir sur le fait qu’elle n’aura pas de majorité à l’Assemblée nationale. Il est impossible qu’elle ait 288 députés sur 577, donc il y aura une cohabitation. Si je dois voter utile aux législatives, je n’hésiterais pas une seconde. Je donnerais même ma voix à un député des Républicains si je vois que celui de gauche n’a aucune chance de passer. En tout cas, j’apprécie que Jean-Luc Mélenchon laisse à ses militants la liberté de choisir en ne donnant pas de consigne de vote. Je trouve qu’il a fait preuve de courage, de responsabilité et j’adhère complètement à sa démarche de donner la parole aux gens qui l’ont désigné. Philippe Vallée Citoyen Article publié dans l'Obs: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1667047-melenchoniste-j-ai-choisi-l-abstention-au-second-tour-une-decision-difficile-a-prendre.html
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Juin 2017
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