Qu’ils travaillent auprès de Deliveroo, Foodora ou UberEats, les coursiers à vélo ne sont pas satisfaits par leurs conditions de travail. Le mercredi 15 mars, ils se sont mobilisés à Paris et à Lyon pour réclamer une revalorisation de leurs tarifs, mais aussi des contrats en bonne et due forme. Marc, 27 ans, livreur de repas à vélo, nous explique les raisons de cette colère qui gronde. En octobre 2016, j’ai commencé à livrer des repas en vélo à Lyon. C’est à la suite d’un long voyage réalisé en bicyclette que je me suis décidé : je voulais allier ma passion pour le deux-roues et la transformer en une activité rémunérée. Aujourd’hui, il s’agit de mon unique source de revenu.
Au départ, j’appréciais les libertés et l’indépendance que procure ce travail, mais plus les mois passent, et plus je réalise que nous, livreurs de repas à vélo, sommes en train de nous faire avoir comme des bleus. S'il m'arrive le moindre pépin, c'est pour ma pomme À 27 ans, je suis auto-entrepreneur et je suis lié par des "contrats de prestation" auprès de Deliveroo et Foodora. En réalité, ces "contrats" n’en sont pas dans la mesure où je ne dispose d’aucune garantie. Je n’ai ni congés, ni sécurité sociale, ni mutuelle de santé, ni assurance. Bref, je n’ai pas de réel statut et je vis avec une corde au cou. S’il m’arrive le moindre pépin, que je tombe malade ou que j'ai un accident, c’est pour ma pomme. J’aurais beau prévenir les plateformes, on me répondra simplement : "Bon rétablissement". Pour avoir plus de sécurité, j’ai décidé de souscrire à une assurance, même si ce n'est absolument pas une obligation. Hier, elle m’a été d’une grande utilité puisque je me suis fait voler mon vélo. En tant qu’auto-entrepreneur, je suis également prié de reverser chaque mois 25% de mes rentrées d’argent. C’est assez rageant de constater le nombre d’obligations que nous avons – comme celle d’avoir son propre matériel ou d’avoir des accessoires à l’effigie des marques – sans avoir de droits. J’ai bien conscience que notre profession est nouvelle, mais il est grand temps que les entreprises qui font appel à nous réagissent. Travailler 50 heures par semaine pour un Smic Quand j’ai débuté, j’ai été séduit par les primes proposées par UberEats et j’ai donc décidé de réaliser des courses pour eux. Mais très vite, quelques mois après le lancement de la plateforme, l’entreprise a réalisé qu’elle disposait d’une "flotte" de coursiers suffisamment conséquente. Résultat : les primes se sont réduites comme peau de chagrin et la plateforme a pu bénéficier d’une main d’œuvre à moindre coût. J'ai donc décidé d'arrêter. Actuellement, je livre pour Foodora et Deliveroo, mais là aussi, je dois faire preuve d’une certaine gymnastique puisque je dois m’adapter aux fonctionnements très différents de ces deux sociétés. Il n’existe aucune uniformité. Par exemple, Deliveroo propose des contrats entre 5,5 et 7,5 euros en fonction de la date de votre arrivée. Avec Foodora, je suis payé 7,5 euros par heure et 2 euros la course, mais les tarifs changent en fonction des besoins. Mes revenus sont très variables, car ils dépendent de mes créneaux horaires et des conditions tarifaires. J’ai calculé que pour gagner l’équivalent d’un SMIC mensuel, je dois travailler environ 50 heures par semaine. Il faut toujours s'adapter Pour être sûr de travailler, je dois systématiquement m’inscrire sur les plannings qui se remplissent en une heure seulement. Si je loupe le coche, tant pis pour moi. En règle générale, je travaille durant les créneaux du déjeuner et du dîner, c’est-à-dire entre 11 et 14 heures et entre 18 et 23 heures. Parfois, je suis néanmoins obligé de jongler entre Foodora et Deliveroo dans la même journée. Changer de tenue, penser à porter le bon t-shirt... S’adapter n’est pas toujours évident. À force, on s’y perd. Évidemment, il y a aussi la contrainte de ne pas avoir de congés. Décider d’être "off" une journée, c’est faire l’impasse sur la rémunération. Un vrai contrat et un peu de considération Aujourd’hui, de nombreux coursiers en ont marre de cette situation. Cela ne peut plus durer. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en place cette mobilisation. Nous souhaitons que les entreprises de livraisons reconnaissent les collectifs et syndicats que nous avons mis en place. Nous voulons également participer aux négociations tarifaires et être concertés lors de la mise en place des plannings. Toutes ces avancées ne seront possibles que si nous obtenons la mise en place d’une nouvelle forme de contrat. Je crois que nos revendications ne sont pas si incroyables. Finalement, tout ce que nous demandons, c’est un peu de considération. Marc, livreur
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Juin 2017
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