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Éloge du libre arbitre

10/19/2015

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«  Je ne t'ai donné ni visage, ni place qui te soit propre, ni aucun don qui te soit particulier, ô Adam, afin que ton visage, ta place, et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même […]Je ne t'ai fait ni céleste ni terrestre, mortel ou immortel, afin que de toi-même, librement, à la façon d'un bon peintre ou d'un sculpteur habile, tu achèves ta propre forme. »
Jean Pic de la Mirandole, le fameux humaniste italien de la Renaissance, adepte de la kabbale à ses heures, rénovateur du platonisme en Europe, coureur de jupon invétéré et rédacteur du célèbre Oratio de Hominis Diginitate d’où est tirée cette citation, était un optimiste incorrigible. Il croyait en l’homme, à sa capacité à se définir lui-même, à achever sa propre forme. L’indétermination fondamentale comme définition, quel paradoxe logique mais quelle  promesse, quelle foi !  
Cependant le libre arbitre pensé par Pic, c’est-à-dire une absence de déterminisme totale, une « conquête » de tous les instants, une souveraineté de la volonté intégrale et exigeante a été battue en brèche par l’homme contemporain. La faute à Nietzche peut-être mais aussi à la science triomphante et à un paradigme économico-politique dont la conception de l’homme, qu’elle soit celle du consommateur et du travailleur capitaliste ou du citoyen au sens restreint de nos démocraties,  donne peu de place au libre arbitre. 

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Car toutes ces visions de l’homme ont en elles des germes totalisants : l’accomplissement logique du capitalisme le plus pur est une conception de l’homme bipolaire, partagée entre travail et consommation. Le citoyen de nos « démocraties d’autorisation », selon Pierre Rosanvallon, est à peine plus qu’un vecteur procédurier de légitimité, dont le vote donne à ses gouvernants licence pour assurer son bien-être et sa sécurité, au prix souvent de sa liberté—les sondages sur la récente loi sur le renseignement montrent que le « Discours sur la servitude volontaire » n’a rien perdu de son actualité.

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Le libre arbitre comme valeur sociale est à l’inverse celle de l’émancipation et, partant, du bonheur. L’acception conventionnelle de la « réussite sociale », les trajectoires imposées, les « cursus honorum » du passé—pardonnez l’emprunt—, la déresponsabilisation du citoyen, l’aseptisation du monde sont autant de contraintes qui façonnent de force la forme originellement indéterminée de l’humain.  Car c’est de la nature de l’entreprise et d’une certaine façon de notre système politique de briser la volonté et de faire de l’habitude, asservissement suprême pour La Boétie, l’étalon de l’existence.
Au prix d’un désenchantement amer, d’une vie pesante— au sens nietzschéen—, d’un genre humain sans horizon ni transcendance : que le libre arbitre soit remis au centre de tout, que le choix soit réhabilité en tant que valeur fondatrice de nos sociétés, dans toute la part de risque et de promesse qu’il comporte.  D’intensité[1] aussi. L’humanité en sortira plus grande et l’homme plus heureux, peut-être.

​Clément Tonon 


[1] Théodore Roosevelt développe cet aspect du triomphe de la volonté dans 
La vie intense.

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