Mohamed Ali est mort. Mohamed Ali n'était pas qu'un boxeur.
Le gouverneur d’Egypte et fondateur de la dynastie éponyme de Méhémet Ali (son nom en version turcophone), aussi connue désormais sous le nom de famille Farouk, pousse en effet son dernier souffle le 2 août 1849. Pour tous ceux d’entre vous pour qui le boxeur Ali était une inspiration, sachez que c’est sans doutes la figure de Mohamed Ali qui l’a inspiré dans son changement de patronyme, de Cassius Clay à Mohamed Ali. Qui était ce pharaon des Temps Modernes ? Né en Grèce, alors province de l’Empire Ottoman, c’est un orphelin élevé par son oncle qui lui donne une éducation militaire. L’élève dépassant le maître, il devient soldat du Grand Turc - le Sultan ottoman – et son représentant en Egypte, où il arrive en 1801. Contemporain de Napoléon, qui était déjà bien occupé en France et avait quitté l’Egypte juste auparavant, il se méfie des Anglais - qui plus tard seront fascinés par l’égyptologie, alléchés par le coton des bords du Nil et intéressés par la position stratégique du canal de Suez. Il n'en demeure pas moins maître en ses terres, qui s’étendaient bien au-delà des frontières actuelles de l’Egypte, jusques en Syrie et en Palestine à l’Est, et au Soudan au Sud. Keep your friends close, and your enemies closer Une fois, il invita tous les Mamelouks, d’insaisissables nomades, à se réunir pour un dîner festif – leur dernier d’ailleurs. Lointain précurseur de Game of Thrones, il a fait assassiner en un soir 470 de ses rivaux locaux, qui régnaient de manière féodale sur l’Egypte de ce début de XIXe siècle, ce depuis 600 ans. Il a ainsi su jouer des conflits entre mamelouks et ottomans – diviser pour mieux régner – pour se construire une légitimité populaire, lui qui avait déjà été nommé Khédive par le Sultan. En même temps, les mamelouks avaient 1) voulu l’assassiner, 2) refusé sa paix, 3) battu nos chers ancêtres grognards, alliés qu’ils étaient à la perfide Albion. Le point commun entre Napoléon et Mohamed Ali? Leur méfiance, et c’est peu dire, vis-à-vis des Anglais, à tel point que Mohamed Ali s’entoure de conseillers français restés profiter du beau temps égyptien et des douceurs locales. Une ambition pharaonique pour l’Egypte Au niveau économique, il a réorganisé l’Egypte, et il en a fait la principale puissance militaire du monde arabo-musulman. Il avait des vues sur l’Empire Ottoman, des rangs desquels il était issu. C’est toujours comme ça : la grande puissance envoie un jeune commandant entrepreneur, l’élève dépasse le maître, et veut devenir calife à la place du calife, sultan à la place du sultan - peu ou prou. Il n’aura pas le temps de mettre en œuvre sa vision et son ambition, contenu par les puissances occidentales qui feront pression diplomatique pour que ne tombe pas entre ses mains Constantinople. Il empêchera son fils de s’en prendre à la Sublime Porte, car en bon stratège, il connaît ses limites et sait que la Russie et l’Angleterre sauteront sur l’occasion pour “aider” leurs alliés Turcs. A sa mort, les Anglais mettent l’Egypte sous quasi-tutelle, en bons précurseurs qu’ils sont du colonialisme. Mais Mohamed Ali restera dans l’histoire comme celui qui a fait recouvrer son indépendance au pays, et qui l’a fait accéder à la - relative - modernité. Il reste aussi un pater familias hors pair, car il fait reconnaître sa succession comme étant héréditaire. Postérité et descendance Dans la descendance de ce self-made man, on compte notamment le roi Farouk, légendaire avant-dernier roi d’Egypte (juste avant Neguib et Nasser), et aussi la princesse Al Tarouk, amoureuse du tout aussi légendaire OSS 117. Nous lui devons également l’obélisque de la place de la Concorde.
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Juin 2017
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