Aujourd’hui, au cours de notre repas, j’ai entendu mon frère qui affirmait avec conviction que « la presse française critique tellement Trump que les gens vont avoir peur et ne vont plus voter Marine Le Pen ». Si seulement il avait raison mon petit frère. Mais je crois qu’il est bien naïf. Comme beaucoup de Français d’ailleurs. Comme toute la presse française. Comme de nombreux hommes et femmes politiques.
Trump est dénigré par les médias français, Trump est critiqué par toutes les personnes qui vous parlent de politique, Trump est critiqué dans les écoles et dans les universités, Trump est critiqué à la télé et à la radio. Il n’en reste pas moins que Trump a été élu. Par plus de la moitié du peuple américain. Donc réveillez-vous : Trump a été élu par la majorité silencieuse, celle-là même qui élira son alter ego français : Marine Le Pen. La majorité que l’on entend critiquer Trump à tout bout de champ n’est absolument pas la majorité. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une minorité. Mais la véritable majorité, qui se cache derrière son silence, c’est celle qui secrètement désirait qu’un tel événement se produise, c’est celle qui défend Marine Le Pen lors des déjeuners de famille, c’est celle qui trouve des excuses aux propos racistes, sexistes et homophobes, mais sans jamais le crier haut et fort. Ne vous trompez pas, cette majorité-là n’est pas dupe et n’est pas dupée par les médias. Bien au contraire, cette majorité-là est persuadée de détenir la vérité : les médias seraient un carcan qui empêchent de penser autrement. En toute honnêteté, j’ai longtemps pensé que l’on pouvait agir pour démontrer rationnellement et en toute intelligibilité l’incohérence de certains propos scandaleux. Mais il ne s’agit plus de démontrer la haine et la bêtise par le bon sens. La raison et la logique ne sont pour l’instant plus des outils propices à la paix et au vivre ensemble en démocratie. L’ont-elles été un jour ? (Grande question historique qui ne sera pas traitée ici). Aujourd’hui, démocratie et communication en continue obligent, les longs discours qui cherchent à convaincre ne sont plus d’actualité. Face à une France qui a traversé une crise économique importante et qui s’embourbe dans une crise identitaire profonde, seuls les discours intenses qui cherchent à persuader et non à convaincre sont pertinents. Je ne fais pas l’apologie du populisme. Mais je pense qu’un peu de renouveau dans la manière d’exercer la politique ne pourra qu’être propice à la démocratie. Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle ? Pour ma part, cette question ne se pose plus. C’est une évidence. Marine Le Pen élue ? Ce n’est pas impossible, loin de là. Ce que ne comprennent pas nos hommes et femmes politiques actuels, c’est l’attente des Français envers eux. Qu’attendent-ils d’eux ? Qu’ils dégagent. Ce terme est violent ? Mais les Français désirent de la violence, ils n’aspirent pas à la paix sociale car ils savent qu’ils n’y auront pas accès avant qu’un certain nombre de problèmes ne soient réglés. Que proposent Trump et Marine Le Pen ? Qu’ont-ils en commun avec le phénomène du Brexit ? Ou même avec le parti d’extrême gauche espagnol Podemos ? Ils proposent une nouvelle vision : une rupture avec le modèle présent. Et voilà le mot clef : une vision. Ils proposent une vision du monde qui ne plait pas à tout le monde mais qui séduit parce qu’elle est globale, large et pleine de promesses (voyez comme tous les discours d’Hillary critiquent Trump au lieu de proposer un avenir et des réformes). A cela s’ajoute une énergie que ces nouveaux mouvements dégagent en proposant un avenir lointain avec un monde meilleur. Les Français ne sont pas stupides. Ceux qui votent pour Marine Le Pen savent pertinemment que tous les problèmes ne seront pas résolus grâce à elle. Mais ils envisagent simplement un changement, une rupture par rapport à ce qu’ils connaissent : ils aiment les « grandes idées », non pas qu’elles soient belles ou intelligentes mais remplies de promesses et de perspectives futures de long terme. Ils aiment les visions globales où tout est d’une simplicité logique. Peut-on réellement leur reprocher de rêver de désirer autre chose que le modèle existant ? De vouloir bouger les choses plutôt que de rester embourbés dans un modèle… non plutôt dans une absence de modèle. Il n’y a ni modèle, ni guide, ni vision. Marine Le Pen propose un modèle, une vision et en est le guide. Je ne vois qu’une absence de guide, de vision et de modèle dans tous les autres partis. Je ne suis pas la seule à le penser (Attali l’a écrit à de multiples reprises). Encore une fois, réveillez-vous : Hollande est détesté, Sarkozy aussi. Si c’est eux qui affrontent Marine Le Pen, soyez certain(e)s d’une chose : c’est elle qui va l’emporter. Diane B.
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Juin 2017
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