Chaque journée débute par un café, un lavage de dents et un #wakeuplikethis. C’est le premier post Instagram que tu publies/voies. En quelque sorte, c’est comme si tous les matins tu te réveillais avec une personne différente. Fort heureusement, c’est une teenager australienne maquillée nude qui se permet de te faire partager ce moment d’intimité. Difficile de ne pas se demander si cette intimité ne relève pas de l’impudeur ?
En premier lieu, dédouanons nous des traditionnelles jugements plus ou moins méprisants envers ces personnes qui partagent intensivement leurs vies sur les réseaux sociaux. Je souhaite vraiment m’émanciper de ces discours pour plusieurs raisons : 1) Mes parents m’ont toujours dit : « on ne tire pas sur une ambulance ». 2) C’est un métier aujourd’hui, et « il n’y pas de sot métier ». 3) Nous ferions tous la même chose si nous étions riches, beaux et nés en 1999. Spontanément, en faisant défiler le fil Instagram, l’occurrence de paires de fesses, de bouts de tétons et de couples goals amène l’idée d’une exhibition généralisée et débridée par le virtuel. Instagram est devenu le nouvel espace permettant d’évoluer grimé par des filtres et de hashtags plus ou moins « catchy ». A ce moment, une question, instinctive certes, mais tout de même légitime émerge « IL/ELLE N’A PAS HONTE ? ». En fait, non, il n’y aucune honte à avoir. Je m’explique, la honte est un sentiment qui nous accable brutalement. Evidemment, nous ressentons la honte dans un second temps, suite à un élément révélateur, comme le dévoilement d’un échec ou d’une faute. Ici, il est cette corrélation paradoxalement positive entre le caractère « honteux » de la photo et le nombre de « likes ». Dès lors, le sentiment de honte est annihilé par le soutien sans faille des « followers ». Si il n’y a pas de honte, la question de l’impudeur reste légitime. Back to the roots, l’impudeur se définit comme une attitude qui offense la pudeur. Fondamentalement, la pudeur peut se comprendre comme ce sentiment de gêne à l’égard de ce qui peut entamer l’estime de soi et qui interdit le regard d’autrui sur sa vie intime. Si l’estime de soi semble soutenue par une communauté avide d’images subjectives, il va sans dire que le fait même d’offrir sa vie intime publiquement reste questionnable. J’ai trouvé une réponse à cette interrogation dans Le Portrait de Dorian Grey, Oscar Wilde écrit : « un nouvel hédonisme (…) vous pourriez être le symbole visible. Avec votre personnalité, il n’y a rien que vous ne puissiez faire. ». Je pense que chaque image, parce qu’elle a été choisie, porte sa charge symbolique. Le nouvel hédonisme surfe sur l’image. La contemplation du moi atomisé en milliers de bout d’images, de likes et de hashatgs. Chaque îlot apporte des indices sur la nouvelle personne que je façonne. Instagram n’est que la partie émergée de l’Iceberg, la partie que l’on veut bien montrer. Aujourd’hui, ma page instagram ce n’est plus moi mais « me, I and myself ». Cependant, l’expression du moi prend des formes particulières que personnellement je n’explique pas : créer une page instagram « fan » parce qu’on adore Jenifer ou tenter d’humaniser son animal de compagnie parce qu’il est trop mignon. Finalement, chacun dévoile la partie de soi qu’il estime légitime de rendre public. Dès lors, libérée de toutes les contraintes de la présence physique ou morale, cette représentation via Instagram ne veut pas fidèle de la réalité. Nous ne nous dévoilons pas, nous nous mettons en scène. Instagram est donc un théâtre au sein duquel la honte et la pudeur n’ont pas leur place. @mrgx_baer
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Juin 2017
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